Lac Chauvet, 1952

Les cas solides :

Lac Chauvet, France, 1952

IV - L'enquête


L'enquête sur les faits, 51 ans après

Les 4 photos du Lac Chauvet semblent être, après l'analyse détaillée qu'en a fait Pierre Guérin, "LA" preuve que tout le monde attendait.
Mais pourtant, aussi authentiques et "riches" qu'elles soient, elles laissent encore dans l'ombre certains aspects importants : l'observation elle-même, la façon dont elle a été rapportée à l'époque, la personnalité du seul témoin de la chose, comment a t-elle été reçue à l'époque par le grand public et par les autorités, etc.
Il me semblait important d'essayer de récupérer un maximum de témoignages avant que les souvenirs ne s'effacent ou que les gens ne décèdent (c'était il y a 51 ans !).
Enfin, il me semblait vital de récupérer le négatif de ces photos, que Pierre Guérin avait poliment, mais bien imprudemment, rendu à la personne qui le lui avait prêté, après les avoir analysées.

J'ai commencé à entreprendre ces recherches en mai 2003, à temps perdu. Et ce fut très difficile.
J'ai suivi trois pistes : les proches ou la famille du témoin (Frégnale), la presse régionale et locale de l'époque, et les proches ou la famille de Pierre Guérin. Des premiers j'espérais des renseignements sur André Frégnale (était-il homme à monter un canular de cette ampleur ?), mais surtout de récupérer les négatifs originaux. Des seconds j'espérais un éclairage sur l'affaire (avait-elle fait grand bruit, comment était-elle parvenue à l'attention d'Aimé Michel en 1954, pourquoi a-t-elle été oubliée depuis, les autorités militaires ou scientifiques s'y sont-elles intéressées ?). Des troisièmes j'espérais récupérer des notes inédites, les originaux des tirages positifs mentionnés par P. Guérin dans son livre, ou tout autre information.

Où sont les négatifs originaux ?

André Frégnale, années 60 Le seul témoin, André Frégnale est mort il y a environ 20 ans, à l'âge d'environ 60 ans. Sa soeur, Jeanne Henriette, est morte le 15 septembre 2000 à Goudargues (Gard).
Une première recherche sur l'état civil des Frégnale pour retrouver des parents proches encore vivants ne donne hélas rien. Il n'y a eu que deux "Frégnale" nés dans tout ce siècle, et ce patronyme s'est donc éteint avec André et Jeanne. De même, une recherche du côté de la mère d'André et Jeanne, du nom de Marie Chauchat, ne donne rien non plus. Ce patronyme, également originaire d'Auvergne, est au contraire très courant et il fut impossible de retrouver trace de la branche particulière à laquelle appartenait Marie Chauchat.

La bonne piste fut en fait celle du Gard, où André et Jeanne Frégnale sont allés vivre dans les années soixante. Je retrouvai la trace du logeur de Melle Frégnale, qui me donna les coordonnées de M. Robert B. et sa femme, qui s'étaient occupés de Melle Frégnale jusqu'à son décès. Ils me donnèrent à leur tour les coordonnées de sa meilleure amie, Mme Jeanne D., institutrice comme elle, désormais à la retraite, et vivant toujours dans le Puy-de-Dome.
Par chance, cette dame vit encore, et c'est d'elle que je tiens à ce jour le plus d'informations sur André Frégnale, sa soeur, et l'observation qu'il fit ce fameux 18 juillet 1952.

Concernant les négatifs originaux, il est hélas désormais certain qu'ils sont perdus à jamais. Le grenier de la maison de St Michel d'Euzet (Gard) où ils étaient entreposés, a été entièrement vidé quelques années plus tard par un déménageur. Melle Frégnale n'avait plus avec elle à sa mort que quelques rares effets personnels, dont effectivement de nombreuses photos prises par son frère, mais aucune trace du négatif ou de clichés de la "soucoupe" de 1952.
Sur ce point, Jeanne D. et Robert B. sont formels : si le premier se souvient nettement avoir vu des tirages papier de la "soucoupe" de 1952, aucun des deux n'a jamais vu les négatifs.
Melle Frégnale ne semblait pas leur accorder grande importance sur la fin de sa vie, bien moins en tous cas que des tas de photos plus personnelles de son frère, ce qui parait logique et humain. Melle Frégnale est décrite comme très secrète, vivant retirée, mais tout à fait saine d'esprit. Elle devait donc être de bonne foi lorsqu'elle répondit à Pierre Guérin qui lui demandait ces négatifs, qu'ils devaient être dans le grenier, mais qu'elle n'avait pas le temps ni le courage d'aller y fouiller.
Accessoirement, Melle Frégnale est décédée sans un sou vaillant (voire même avec quelques petites dettes), et les Frégnale frère et soeur ont toujours mené un petit train de vie. Ils n'ont donc tiré aucun profit (du moins substantiel) de cet épisode de 1952, ce qui supprime d'emblée l'une des motivations classiques d'un canular.

André Frégnale

André Frégnale en 1949 André Frégnale est né aux alentours de 1920, probablement à Chamalières ou dans une commune des environs. Il avait donc une petite trentaine d'années au moment des faits et habitait alors avec sa soeur aux Martres de Veyre, petite commune du Puy-de-Dôme. Il est unanimement décrit comme "original mais pas marginal". Il a été très difficile de trouver sa profession exacte. Les rares sites web traitant de ce cas mentionnent un "géologue" (comme d'ailleurs la presse de l'époque), ou un "ingénieur". En fait c'est vrai et faux à la fois. Faux car il semble bien que André Frégnale n'avait aucun diplôme supérieur et était un vrai autodidacte. Vrai, car c'était un homme d'une curiosité infinie, passionné de sciences, de technologie, de nature, de randonnée, de spéléologie, de kayak, d'escalade, de photographie, et de bien d'autres choses encore.
Il est décrit comme très inventif, très adroit de ses mains. Il bricolait par exemple d'astucieux petits dispositifs pour son institutrice de soeur, afin d'illustrer spectaculairement ses cours de sciences. Il a d'ailleurs enseigné quelques temps dans un lycée de Bagnols sur Cèze ; je me plais à croire que c'était la techno.
Son autre talent reconnu était la photographie. Il a commencé sa carrière comme reporter photographe pour un studio de Clermont Ferrand, aujourd'hui disparu. Il a notamment effectué un reportage dans le désert Algérien pour les camions Berliet (NDR : je ne sais pas pourquoi mais en écrivant ces lignes il me vient immédiatement en tête des images du film "100 000 dollars au soleil" avec Ventura, Belmondo et Blier. Vous savez, celui avec cette réplique culte "Quand les mecs de 130 kg disent certaines choses aux mecs de 60 kg, les mecs de 60 kg ont tendance à les écouter !").

Puis il a quitté ce studio et s'est mis à faire des photographies plus "artistiques", aidé en cela par une troisième passion : les longues balades dans la nature sauvage. Une anecdote à ce propos. Mme Jeanne D. se souvient d'une journée d'hiver où elle cheminait seule en pleine campagne. Tout était entièrement blanc, recouvert d'un manteau de neige vierge, silencieux et magnifique. Une vraie carte postale. Quand soudain elle fut hélée par André Frégnale qu'elle n'avait pas vu. Attiré lui aussi par la beauté du paysage, il était sorti "mitrailler" un peu. Apercevant Jeanne, il lui demanda de refaire un ou deux passages dans la neige immaculée, essayant visiblement de faire une photo "recherchée" avec la lumière d'hiver, les traces de pas de Jeanne dans la neige, les arbres au loin. Elle s'éxecuta avec plaisir puis repartit.
D'ailleurs de l'avis unanime, André Frégnale avait un réel talent de photographe, et pas seulement de "technicien" de la pellicule.

André Frégnale en 1946 Le caractère un peu fantasque, un peu excentrique d'André, transparait encore plus lorsque l'on sait qu'il a écrit et envoyé au ministère de l'éducation nationale un petit livre proposant rien moins qu'une "réforme de l'orthographe". Et quelle réforme : trouvant les règles du Français inutilement compliquées, il proposait notamment de recourir à une orthographe simplifiée basée sur la phonétique. Par exemple le "ph" s'écrirait désormais tout simplement "f" ! D'ailleurs mettant en application ses propres recommandations il étiquetait "fotos" les diverses boîtes contenant ses tirages !
André était sportif et adepte de tous les loisirs à sensation : escalade, spéléologie, kayak, etc. Et, cerise sur le gâteau, il arrivait même à conjuguer toutes activités en même temps : longue randonnée dans une région sauvage (Sancy, Lac Chauvet), escalade pour étudier la géologie locale, photographie de ses découvertes, puis développement "perso" dans son propre labo photo ! Eclectique vous dis-je, et en avance sur son époque.
Il était aussi amoureux de sa liberté et courageux. Lors de la seconde guerre mondiale, enrôlé de force dans le STO et envoyé en Allemagne, il s'évade, vole une moto, et rentre ainsi en France, sans être jamais inquiété par la suite !

Enfin, les Frégnale (mère, frère et soeur) étaient tous catholiques, très croyants et pratiquants. André avait même été dans les scouts.

Les lieux

L'ensemble de l'action se déroule dans le département du Puy de Dôme (63)
France_pdd Reliefs du Puy de Dôme Carte des lacs (63)

L'observation a eu lieu près du Lac Chauvet, "entre Besse et Condat", précise André Frégnale dans La Montagne. Aujourd'hui Besse est devenue "Besse et St Anastaise" (code postal 63610), qui englobe la station de ski de Super Besse. Le lieu-dit "Lac Chauvet" (code postal 63279) dépend administrativement de la commune de Picherande (code postal 63113) toute proche.
Le lac Chauvet
Il s'agit d'un vaste lac cratère sur le plateau qui relie les monts Dore au Cézallier, au sud-est du Pavin (le plus connu), à 1 616 mètres d’altitude. Avec ses 50 hectares, 900 mètres de longueur sur 800 de largeur il est plus grand que le Lac Pavin, mais dans une situation moins pittoresque, quoique la vue sur le Puy de Sancy tout proche (plus haut sommet de la région) ne soit pas sans beauté. Il forme un affluent de la Tarentaine.
Les environs du Lac Chauvet font l'objet de parcours de randonnée, dont un qui fait une large boucle au sud. Il est possible que ce soir sur ce chemin qu'André Frégnale ait aperçu et photographié cet ovni.

A cette époque les Frégnale habitaient aux Martres de Veyre. Commune de 3 994 habitants (recensement 1999), Les Martres de Veyre se situent à 15 km au sud de Clermont-Ferrand dans le Puy-de-Dôme, à 5 km du site Gaulois de Gergovie, et à une quarantaine de kilomètres du lieu de l'observation (le Lac Chauvet). En voici un aperçu aujourd'hui :
Les Martres-de-Veyre

Sur la carte ci-dessous on peut imaginer l'itinéraire des Martres de Veyre au Lac Chauvet (le plus à l'ouest des 3 lacs au sud de Besse)
Carte de Veyre à Chauvet

La presse de l'époque

J'ai retrouvé 4 numéros consécutifs de La Montagne, des 24 au 28 juillet 1952, ainsi qu'un numéro exceptionnel de Point de vue et Images du monde d'août 1952. Je cherche encore d'autres passages presse éventuels. Je cherche également à exploiter tous les indices contenus dans ces documents. Cela fera l'objet je l'espère d'un prochain chapitre de ce dossier.
La Montagne du jeudi 24 juillet 1952
Manchette La Montagne 24/07/2003
Première page
Depuis quelques jours, les témoignages se multiplient dans le monde sur le passage des mystérieuses soucoupes volantes. On en signalait hier de nombreux passages en Angleterre. Elles viennent de faire leur apparition en Auvergne, après avoir été signalées au Maroc, en Haute-Garonne et dans le Jura. Un de nos compatriotes, M. Frégnale, géologue à Clermont-Ferrand, au cours d'une excursion près du lac Chauvet, a pu prendre les surprenantes photos que "La Montagne" publie ci-dessous.
CE SONT LES PREMIERS DOCUMENTS
PRIS DANS LE CIEL DE FRANCE

Les seuls publiés jusqu'à ce jour et que confirment nos clichés, avaient été pris en Amérique du Sud et publiés par un grand journal sud-américain.

"LA MONTAGNE" PUBLIE LES PREMIERES PHOTOS DE SOUCOUPE VOLANTE PRISES EN EUROPE.
Ci-dessus : la première photo prise à l'apparition de l'engin permet de remarquer le reflet lumineux.
Ci-contre : l'engin grossi où apparait en teinte sombre un renflement allongé.
Ci-dessous : l'engin s'éloigne.
NDR : l'ordre des photos est inversé. En réalité celle du haut correspond à l'objet éloigné (la 4ème), et celle du bas est la première prise par M. Frégnale.

Le témoignage de M. Frégnale
Un de nos compatriotes, M. André Frégnale, demeurant aux Martres-de-Veyre, se promenait dans la région de Besse, vendredi, à la recherche de curiosités géologiques, car la géologie est une de ses passions, quand tout à coup, alors qu'il se trouvait à peu près à la hauteur du lac Chauvet, il aperçut, traversant le ciel, d'ouest en est, une "soucoupe volante".
M. Frégnale n'est pas seulement géologue, il est aussi un très habile photographe. Sans perdre son sang-froid il braque son appareil - qui ne le quitte jamais lorsqu'il s'en va en promenade - et prit quatre vues du mystérieux engin.
Puis, braquant les jumelles qu'il avait avec lui, il étudie la "soucoupe" durant les quelques secondes qu'il lui restait pour l'observer.
Nous avons été assez heureux pour joindre hier soir M. Frégnale qui fort aimablement a bien voulu nous expliquer ce qu'il avait vu :
"Il était environ 18 heures nous a-t-il dit, lorsque j'ai aperçu la "soucoupe". Je ne peux pas dire à quelle altitude elle volait car, évidemment, je ne connais pas sa circonférence. Apparamment elle se trouvait entre 3.000 et 8.000 mètres. Je ne pense pas que l'altitude ait pu être plus élevée car alors, en raison de l'épaisseur de l'atmosphère, elle aurait présenté une teinte métallique bleutée qu'elle n'avait pas.
"J'ai eu le temps, grâce à un réflexe acquis à force d'expérience, de prendre quatre clichés, très rapidement. J'ai vu l'engin pendant environ cinquante secondes, et après avoir pris mes photographies, j'ai observé l'engin à la jumelle.
"D'après mes observations et les calculs que j'ai faits par la suite, si l'engin se trouvait à 3.000 mètres il se propulsait environ à 300 mètres à la seconde. S'il se trouvait à 8.000 mètres, ce qui est possible, sa vitesse était naturellement plus grande et pouvait atteindre 800 mètres à la seconde. Je n'ai entendu absolument aucun bruit. (Ceci laisse supposer que si un système à réaction quelconque propulse l'engin, les vibrations dépassent 18.000 à la seconde, ce qui les rend inaudibles). L'engin, comme on l'a dit souvent, a la forme d'une soucoupe ovale. En dessous et au centre il semble qu'il existe un léger renflement. Il m'a semblé voir la partie circulaire qui entoure ce renflement tourner. Mais je n'en suis pas certain. Autour de la partie circulaire apparait un cercle brillant. (Lire la suite en 8ème page).
Page 8
Je suppose qu'au dessus de l'appareil, des pales ou quelque autre système gyroscopique tourne très rapidement, ce qui expliquerait le relief que l'on voit très nettement sur les photographies que j'ai prises.
"Ce qui m'a particulièrement frappé c'est la rectitude de route qu'observait l'engin."
Naturellement nous avons demandé à M. Frégnale s'il émettait une hypothèse quelconque sur l'origine du mystérieux engin. La réponse fut évasive et, ce qui semble plus logique, est de supposer que les "soucoupes volantes", dont il est maintenant difficile de nier l'existence, a une origine terrienne. Bien d'autres hypothèses peuvent être émises, mais nous ne nous aventurerons pas sur ce dangereux terrain.

Suivent ensuite le récit d'un témoignage dans la Haute-Loire, ainsi qu'un article assez détaillé sur l'incroyable vague d'ovnis sur Washington, qui a défrayé la chronique aux USA la veille (23/07/1952).

Un témoignage dans la Haute-Loire
Dans la soirée de mardi, vers 20 heures, M. Raffier, électricien demeurant boulevard du Docteur Chantemesse au Puy, était accoudé à sa fenêtre, lorsque son attention fut attirée par un engin mystérieux. Voici d'ailleurs les termes exacts de sa déclaration :
"J'ai d'abord aperçu, dit-il, une sorte de fuseau qui a virevolté pour prendre l'apparence d'un disque de couleur gris perle et sur lequel jouaient des "reflets".
L'engin mystérieux, qui poursuivait sa route vers le nord, a été vu encore par des voisins de M. Raffier, et l'épouse de celui-ci.
La Montagne du vendredi 25 Juillet 1952
Première page
Manchette : "En sixième page : La plus récente documentation sur le mystère des soucoupes volantes.
Un ballon-sonde ? Pourquoi pas un canard sauvage ?"
Page 6
L'intégralité de la page 6 est consacréaux soucoupes volantes.
L'opinion de M. FREGNALE
"Je ne crois pas que l'engin provienne d'une autre planète. Je ne crois pas qu'il puisse être destiné à la guerre."
Vendredi dernier 18 juillet, au cours d'une randonnée dans les montagnes de la Haute-Auvergne, où je désirais faire quelques observations géologiques, entre Besse et Condat, je vis passer dans le ciel un objet de forme circulaire, couleur grise, et qui se rapprochait du point où j'étais. Le temps de prendre mon appareil photo, la fameuse "soucoupe" était déjà presque au-dessus de moi, mais un peu plus au sud. Sa route était à peu près ouest-est. L'engin se déplaçait avec une rectitude et une précision qui me parurent vraiment extraordinaires. J'eus le temps de prendre quatre clichés, puis prenant mes jumelles, je me mis à observer l'engin.
Il me parut constitué d'un plan circulaire épais mais à bord mince servant de sutentateur, et (il me semble) animé d'un mouvement de rotation qui lui donnerait le rôle de stabilisateur gyroscopique. J'ai remarqué sur le bord du disque un reflet peut être provoqué par des parties en métal poli que je n'ai pas pu distinguer, à cause de ce mouvement de rotation. Au-dessous une partie fixe, ne faisant qu'une faible saillie par rapport au disque lui même et parfaitement profilée, d'une couleur un peu plus foncée, dont l'avant semi-circulaire se situe à mi-rayon du disque et l'arrière se confond avec le bord de fuite du même disque. Cette partie fixe m'a semblé (mais je ne pourrai l'affirmer) être percée de deux ouvertures en forme de fentes, une à l'avant, l'autre à l'arrière.
L'engin se déplaçait sans aucun bruit audible (peut être le propulseur produit-il des ultra-sons, je l'ignore) et à une vitesse qui pourrait être évaluée à 300 mètres par seconde environ s'il était à 3.000 mètres d'altitude, mais à 800 mètres seconde s'il était à 8.000 mètres, ce qui d'ailleurs semble peu probable ???reur possible pour la vitesse 40%?). Le diamètre de l'engin, toujours en supposant qu'il était à 3.000 mètres, serait alors de 45 ?? environ.
Si le disque est vraiment un ??? gyroscopique, son inertie, tout en donnant de la stabilité et du confort, ne peut que le rendre moins maniable ; étant donné sa grande surface vulnérable et le ??? équilibrage nécessaire, cet engin semble peu indiqué pour la guerre.
Quant à croire à une provenance d'une autre planète, il suffit de considérer que dans notre univers il n'y a que deux planètes sur lesquelles la vie pourrait à la rigueur être possible (Mars et Vénus)et que les astronomes n'ont encore pu avoir aucune preuve de population civilisée ou non, sur ces planètes.
Quant à croire que l'engin provient d'une planète d'un autre système stellaire, il faudrait admettre qu'un organisme vivant puisse avoir une longévité suffisante pour entreprendre un voyage durant les quelques dizaines de milliers d'années nécessaires en admettant que la vitesse du "véhicule" soit proche de celle de la lumière ! Alors je crois inutile d'insister !
La Montagne, N° double 26 et 27 Juillet 1952
A la une
La "SOUCOUPE VOLANTE" du lac Chauvet
(de notre correspondant parisien)

Le mystère de la "soucoupe volante" vue et photographiée dans le ciel d'Auvergne par M. Frégnale et dont les surprenantes photographies ont été publiées dans "La Montagne", n'est pas prêt d'être éclairci.
Le témoignage précis et documenté de M. Frégnale suscite un vif intérêt, aussi bien en Auvergne qu'à Paris, et même dans le monde entier.
A coup sûr le volumineux dossier des soucoupes volantes va s'enrichir de nouvelles pièces d'une importance capitale.

Le directeur d'un observatoire du Centre a fait à ce sujet une déclaration affirmant son scepticisme. Il fonde celui-ci sur le fait que physiciens du ciel et météorologistes n'ont aucun document. S'il s'agissait d'engins spéciaux, ceux-ci devraient être de forte taille, bruyants et visibles de tout le monde.
"Quant à un dispositif astronautique, a-t-il déclaré, venant d'autres planètes, c'est très peu probable. Des vestiges indiscutables auraient été découverts, ce qui n'a jamais été le cas.".
Nous relevons ces explications en toute objectivité.
Des experts aéronautiques français ont tout d'abord déclaré qu'il pouvait s'agir d'un ballon-sonde.
A la Météorologie Nationale, où l'on lance tous les jours dans le ciel des centaines de ces ballons, on déclarait :
"En France, cinq stations lancent tous mes jours des ballons-sonde "grand format". Ce sont : Brest, Strasbourg, Trappes, Bordeaux et Nîmes.
"Dans d'autres stations, au Puy notamment, on lâche des "petits ballons".
"Les ballons, pour très nombreux qu'ils soient, ne sont pourtant aperçus que très rarement. Ils montent vite, se maintiennent à de hautes altitudes et il faut beaucoup d'attention pour les distinguer. Ils ne tiennent l'air que quelques heures."
(Voir en page 8)
Page 8
La "soucoupe volante" du lac Chauvet

L'aspect de ces ballons ne rappelle en rien celui de l'engin photographié qui est de toute évidence une surface plane et tournante. Le jour où les clichés furent pris, les courants aériens étaient contraires à la direction suivie par l'engin mystérieux.

L'avis de M. Frégnale

M. A. Frégnale, de son coté, a confirmé hier les déclarations que nous avions déjà reproduites.
"Certains prétendent que j'ai photographié tout simplement un ballon-sonde ou que je suis victime de mon imagination. Or un film photographique, quoi qu'on fasse ou qu'on veuille croire, est un film photographique.
"J'ai travaillé dans l'aviation et, par conséquent, j'ai observé souvent de tels ballons qui sont transparents. Or, le disque que j'ai photographié ne se présente jamais à l'oeil que sous une forme aplatie dans le sens horizontal. En outre, la vitesse de translation était beaucoup trop grande pour être celle d'un ballon-sonde poussé par le vent. "En outre, les ballons-sondesont lancés dans la région du Centre du Puy et d'Aulnat. Le vent était, ce jour là, orienté nord-ouest, or, l'engin qui a traversé le ciel, se déplaçait d'ouest en est."

Suivent ensuite deux courts articles, l'un sur l'observation d'une soucoupe similaire, mais au sol, en Allemagne "orientale", l'autre sur l'observation d'une formation "en V" en Hollande.
La Montagne du lundi 28 Juillet 1952

La controverse est ouverte. La "soucoupe volante" (continuons à l'appeler ainsi puisqu'aussi bien nous ne lui connaissons pas encore d'autre nom) garde son mystère. Toutes les hypothèses sont permises. Même les plus invraisemblables.
Celle qui paraissait la plus sérieuse, était que les fameuses soucoupes n'étaient autre que des ballons-sonde, lancés par une station quelconque de météorologie. Nous nous sommes livrés à une enquête extrèmement minutieuse, en compagnie de M. Frégnale qui fut assez heureux pour prendre les photographies que nous avons publiées, et qui avait décidé samedi de démontrer que l'engin n'était en aucune façon un ballon-sonde.
L'opinion de la météo

A Aulnat, les services de la météorologie nous ont fort aimablement accueillis. Nous avons pu, là, rassembler de très intéressantes précisions.
Entre le vendredi 18 juillet à 15 heures, et le samedi 19 juillet à 15 heures (rappelons que la photographie a été prise le 18 juillet vers 18h30), le courant général du vent en altitude était nord-ouest-sud-est. Ceci excluait toutes possibilités d'apercevoir dans la région de Besse-en-Chandesse un ballon-sonde qui aurait été lancé d'Aulnat (et qui aurait alors pris la direction d'Ambert), ou de la station du Puy (le ballon se serait dirigé vers l'Ardèche).
Reste la possibilité d'un ballon lancé de la station de Limoges.
Selon les météorologues il est hors de doute qu'un ballon parti de Limoges n'aurait pu arriver jusqu'au lac Chauvet et se trouver à cette altitude (1.200 mètres environ) sans avoir éclaté au préalable.
Les ballons de radio-sondage

On sait par ailleurs que des ballons de radio-sondage, en soie plastifiée, sont lancés de six stations : Bordeaux, Lyon, Brest, Nîmes, Strasbourg et Trappes. Ces ballons sont suivis du sol par radio-goniométrie. On enregistre leur route exacte. Ils ont trois mètres de diamètre et portent dans un parachute quelques appareils d'un poids d'environ 800 grammes. Leur silhouette, nous ont affirmé les techniciens, est caractéristique et n'a rien de commun avec celle qui se profile sur les photos prises par M. Frégnale. De plus, étant donné la direction du vent le 18, il faudrait admettre qu'un ballon de radio-sondage vu à Besse pourrait provenir, à la rigueur, de Brest. Ce cas serait quasiment unique.
Sur les lieux

L'enquête que nous avons menée fut poursuivie plus avant. Grâce à l'amabilité des services météorologiques, nous avons pu nous procurer des ballons-sonde rouges et blancs. Nous nous sommes rendus sur les lieux mêmes où furent prises les photographies des "soucoupes". Après avoir vérifié la direction du vent, nous avons procédé à des lâchers de ballons qui sont employés par la météo. Ils sont de deux sortes : les uns, d'un diamètre de 50 à 60 centimètres, les autres d'un diamètre de 1m20 environ.
M. Frégnale s'était placé au même endroit où, le 18 juillet, il fit ses photographies. Il avait le même appareil. Il était la même heure.
Quand un ballon passait dans le champ où il avait déjà opéré, M. Frégnale répétait les gestes qu'il avait faits huit jours auparavant.
Nouvelles photos

De nombreux documents furent pris, tant par M. Frégnale que par le photographe de "La Montagne" et le cinéaste des actualités "Pathé-Journal". On pourra comparer par les photographies que nous publions, les différences existant entre les ballons-sonde et "l'objet" primitivement photographié.
Par ailleurs M. Frégnale a voulu démontrer devant plusieurs témoins qu'il avait eu largement le temps en 50 secondes de prendre quatre clichés et d'examiner l'engin à la jumelle.
L'engin, ainsi que le démontrent les photographies et la structure des lieux, traversait un angle de 100 degrés environ. M. Frégnale a essayé autant qu'il était possible de reprendre les mêmes photographies comportant les mêmes arbres au premier plan et les herbes. Le document que nous publions est très significatif à ce sujet.
Le ballon publicitaire

On avait parlé également d'un ballon publicitaire qui, le 18, à Vichy, s'était échappé d'une voiture suivant le Tour de France. Cette explication ne semble guère plausible, toujours en raison de la direction du vent. Ce ballon pouvait tout au plus partir en direction de la Loire, vers Saint-Etienne.
Les expériences se poursuivirent jusqu'à 19 heures sans discontinuer.
L'authenticité du document n'étant pas contestée (des experts du ministère de l'air les ont examinés et ont écarté toute idée d'un truquage possible), reste à à déterminer la nature de l'engin. Ceci est l'affaire des savants.
Nous nous bornons à constater et à faire part à nos lecteurs de nos constatations.
Point de vue. Images du monde, du 7 Août 1952
En 1952, "Point de vue. Images du monde" n'était pas du tout le magazine "people", relatant les derniers potins sur la vie intime des têtes couronnées, qu'il est devenu aujourd'hui. C'était un "news magazine" avant l'heure, alliant des images pleine page "choc" (mais N&B), à des reportages ou enquêtes souvent prenantes, et des pages plus "légères".
Pour exemple, ce numéro du 7 août 1952, proposait entre autres les sujets suivants :
Et, en pages 12-13, un dossier "Soucoupes partout", relatant les cas les plus spectaculaires d'observations récentes, ayant donné lieu à des photographies diurnes indiscutables d'objets volants non identifiés de type "soucoupe". Page de gauche les cas de Culver City (Californie), Salem (Massachusetts), et Jersey city (New-Jersey). Page de droite les cas de Kutztown (Pensylvanie) et ... du lac Chauvet ! Si les cas américains sont illustrés par une simple photo et une courte légende, le cas français bénéficie lui de quatre photos et d'un texte plus long, que voici :

Le 18 juillet à 18 h. 30, M. André Frégnale (à gauche), au cours d'une excursion à environ 1.200 mètres apercevait un objet de forme oblongue qui se déplaçait rapidement à une altitude qu'il évalua à 3.000 m. M. Frégnale eut la présence d'esprit d'en prendre 4 photos successives en l'espace de 50 secondes environ. Le bruit se répandit qu'il avait photographié une soucoupe volante. Une controverse s'engagea. On prétendit que M. Frégnale n'avait pas photographié autre chose qu'un ballon-sonde. Avec le concours de techniciens, il lançait, quelques jours plus tard, un ballon-sonde dans des conditions aussi proches que poosibles de celles dans lesquelles il avait photographié l'objet, et le photographiait. Ces clichés de M. André Frégnale, personne n'a voulu prendre l'initiative de les publier, au lendemain de la controverse qui s'était engagée. Nous les publions aujourd'hui en exclusivité. L'examen par des spécialistes écarte toute hypothèse de truquage.
Voici la photographie prise par M. A. Frégnale le 18 juillet (à gauche) et celle d'un ballon sonde prise quelques jours plus tard (à droite). Ces deux photos prises au même endroit.
NDR : ces deux dernières photos sont exactement les mêmes que celles publiées par "La Montagne" du 28 juillet, pour illustrer les tentatives faites pour reproduire l'observation de M. Frégnale et infirmer l'hypothèse "ballon".

L'appareil photo

Zeiss Icon Contessa 533-24 D'après les indications précises de Pierre Guérin (type de boitier, d'objectif, d'obturateur, ...), je pense avoir trouvé avec une très faible marge d'erreur l'appareil exact dont s'est servi André Frégnale.
Il s'agit selon moi d'un Zeiss Icon "Contessa" modèle 533/24, à film 35 mm, fabriqué entre 1950 et 1953. (f2.8, objectif 45mm Tessar, obturateur Compur Rapid X synch), de type "folding" (à objectif repliable).
Il s'agit d'un appareil haut de gamme doté d'optiques et de mécanismes de hautes qualité (de nombreux Zeiss Icon du même modèle étaient équipés d'objectifs et d'obturateurs moins performants).
De plus il est à noter que ce modèle avait au plus 2 ans lorsque Frégnale s'en est servi, peut être moins. C'était donc "le top" de l'époque en 35 mm, ce qui confirme le sérieux et le professionnalisme de M. Frégnale, au moins en matière de photographie.

Merci à l'auteur de ce site américain de l'Iowa, où j'ai trouvé ce tableau exhaustif des appareils Zeiss Icon 24x36.
Merci aussi à Mario Groleau, un Canadien féru de photographie, qui m'a confirmé cette hypothèse.

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Article créé le : 08/11/2003 ; Dernière révision le 26/12/2003