Lac Chauvet, 1952

Les cas solides :

Lac Chauvet, France, 1952

VIII : Nouvelles réponses aux sceptiques


Depuis un an je considère avoir accumulé suffisamment de pièces dans le dossier Chauvet pour que la charge de la preuve soit inversée : s'il s'agit d'un objet/artefact ou phénomène connu de l'homme, à charge désormais pour ceux qui pensent cela de dire lequel, et d'argumenter.
Je reste donc à l'écoute des "sceptiques". Je constate cependant à leur propos que mon préambule au chapitre V reste plus que jamais valable un an après sa publication :

Anecdotiquement, j'ai remarqué à cette occasion, que tous les sceptiques sont tous immédiatement certains qu'il ne s'agit pas d'un "vrai" ovni ... mais tous pour des raisons différentes et incompatibles entre elles ! Et pour chacun d'eux, il apparait comme "évident" que son explication (généralement imaginée très vite, et en n'ayant qu'une connaissance superficielle du dossier), est la seule bonne. Or par définition toutes ces explications sont fausses, sauf au plus une (si j'ai tort). Cela ne peut que nous amener à relativiser la confiance que nous pouvons mettre dans nos "certitudes", nos "premières impressions", et notre "bon sens". Seule à mon avis une étude approfondie, méthodique et objective des faits du dossier, ainsi que la recherche tenace d'éléments nouveaux et authentiques, peut permettre d'avancer utilement dans ce genre d'affaires.

En l'occurence m'ont été successivement fournies à ce jour comme "hautement probables" les explications suivantes :
Est-il besoin de préciser qu'aucune de ces explications ne tient la route selon moi. J'ai déjà donné pas mal d'arguments dans mes chapitres précédents. Je vais néanmoins y revenir ici, puisque de nouvelles hypothèses surgissent, ou renaissent.

Attention : cette page comporte de très nombreuses illustrations. Son temps de chargement pourra donc être un peu long.

Julien Arlandis

Un enquêteur motivé et perspicace
Jeune informaticien venu récemment à l'ufologie, de tendance nettement sceptique, julien Arlandis m'a contacté via mon site, dont l'adresse lui avait été donné sur le forum Google Francom.ovni. De décembre 2003 à ce jour nous avons échangé de nombreux et longs mails sur ce cas, arguments contre arguments, avec conviction, mais sans agressivité ni ad hominem, chose importante à souligner.

Julien s'est passionné et fortement impliqué sur le cas Chauvet, avec l'aide parfois d'un sceptique bien connu Dominique Caudron (dit "Oncle Dom"), et il a porté le sujet sur deux listes de discussion (Francom.ovni et Aleph).

Il m'a transmis les références d'un petit film sonore N&B des actualités Pathé de 1952, découvert par Dominique Caudron, tourné très probablement lors de la reconstitution organisée une semaine après l'observation par La Montagne, et que j'avais mentionné aussitôt sur mon site en juin 2004. On y voit André Frégnale montrant la trajectoire de l'objet dans le ciel, commentant ses photos, et lachant un ballon sonde témoin. Le commentaire audio précise que "les 4 clichés réalisés ont été soumis à des experts qui en ont reconnus l'authenticité". Sans doute s'agit-il des experts du Ministère de l'air que mentionnait La Montagne (Cf. chapitre IV). J'ai fait plusieurs démarches auprès du Ministère de la Défense pour retrouver ses archives, hélas sans succès à ce jour.



- 1 -

- 2 -

- 3 -

- 4 -

- 5 -

- 6 -


En se basant sur le paysage typique entraperçu sur ce film (voir photo N°5 ci-dessus), et après être allé sur place, Julien a même retrouvé le lieu exact de l'observation, qu'il pense situé à environ 1 km à l'est du lac Chauvet, au sommet d'une colline (le point rouge à droite du lac Chauvet sur la carte ci-dessous).


Lieu supposé de l'observation du lac Chauvet 1952

Un grand merci donc à Julien Arlandis pour tout cela. Pour le reste, Julien prend des points de vue assez divergents des miens.
Réfutation des calculs de Guérin
Julien Arlandis (avec l'aide appuyée mais discrète de Dominique Caudron) conteste tout d'abord les calculs de Guérin père et fils, qui démontrent que les 4 photos sont compatibles avec les déclarations du témoin (trajectoire rectiligne uniforme, temps de parcours). Il s'en est  notamment longuement ouvert sur la liste Aleph (www.liste-aleph.org).
Comme on peut le voir sur cette page : http://juliendusud.free.fr/trigo.htm, il prétend que, s'il existe bien des valeurs des paramètres pour lesquelles l'"anomalie du nuage" disparait, ces valeurs "corrigées" par laurent Guérin aboutiraient à des coordonnées différentes de près de 6° entre les deux jeux d'équations. Autrement dit que ces valeurs ne vérifieraient plus alors le modèle géométrique de trajectoire postulé par Guérin (trajectoire rectiligne uniforme).
Pour Julien, ce qu'il faut remettre en cause alors ce n'est pas le modèle de Guérin, mais le témoignage de Frégnale.

Malgré plusieurs échanges entre nous, je ne suis pas parvenu à le convaincre qu'il n'y a pas d'anomalie dans les calculs de Laurent Guérin. L'explication en est pourtant donnée à la fin du chapitre VI . Reprécisons là néanmoins brièvement ici :

a) Il est normal que les deux façons de calculer conduisent à des valeurs différentes, c'est lié au fait que les formules sont dépendantes entre elles et que les valeurs r, gamma et omega ne peuvent être mesurées indépendantes. Comme l'incertitude des mesures est forte, la mesure de deux valeurs entraîne le calcul la troisième. Si nous disposions de photos où la mesure de r, gamma et omega soit indiscutable et très précise, et si les deux formules conduisaient à des valeurs différentes, alors là oui, cela voudrait dire que le modèle n'est pas vérifié rigoureusement.

Hélas, contrairement aux grand axes et petits axes (aisément mesurables),  gamma-i n'est pas une valeur intangible donnée une fois pour toutes par la mesure. Elle est entâchée d'une grosse incertitude de mesure. Il faut s'en approcher par approximations successives. C'est justement là l'un des points clés : La différence de beta en fonction de (2) ou (3) ne met pas en défaut le modèle, il met en défaut le choix d'un triplet de valeurs de mesure de r, gamma et omega dans leur intervalle d'incertitude, car ces valeurs sont liées et non indépendantes.

b) D'autre part le problème est surdéterminé : on a 6 équations reliant les variables a, r, alpha, beta, gamma, omega, OMEGA, soit 7 variables : on ne peut leur faire prendre n'importe quelle valeur. C'est pour cela que dans le formulaire, on recalcule gamma et omega et qu'on trouve des valeurs différentes (en fait sin(gamma)/sin(gamma-omega) reste constant) entre les valeurs initiales et celles recalculées).

c) Julien a également commis deux erreurs de calcul :
C'est donc tout à fait normal d'arriver à des valeurs différentes, puisqu'on opère pas les même choix d'enchaînement de formules dans la
surdétermination.

De plus le modèle initial retenu par Pierre Guérin était simpliste : trajectoire rectiligne uniforme, objet stable. Mais de nombreuses variantes sont possibles à imaginer qui, sans entrer en conflit avec le témoignage, modifieraient substantiellement les calculs ... et les compliqueraient. Par exemple si la trajectoire était montante ou descendante de 2 ou 3 degrés ou même alternativement montante et descendante de ces angles, ou si la normale à l'objet n'était pas perpendiculaire à la trajectoire mais à 86° (donc une inclinaison plus complexe que le simple grand omega), ou encore n'importe quelle légère variation par rapport à notre trajectoire idéale, il est évident que le témoin ne s'en serait pas rendu compte, toutes les formules sont à revoir et permettent des variations de forme suffisamment souples tant en angles qu'en dimensions pour faire caler l'image théorique sur la photo.

Julien persiste enfin à réclamer un scan de haute qualité des originaux (que je n'ai pas), afin dit-il d'affiner les mesures, et lever les incertitudes notamment sur le calcul de χ. Alors que c'est inutile, les scans actuels sont de résolution suffisantes pour cela, et la marge d'incertitude sur χ est très faible. La distorsion géométrique a elle aussi bien été prise en compte dans les calculs (corrections minimes).
La recherche opiniatre d'une explication "normale"
Julien Arlandis a d'autre part émis successivement différentes hypothèses censées expliquer ce cas, à chaque fois en y croyant très fort, et en les trouvant "évidentes" (avant de passer à une autre) :
Revenons donc plus en détail sur les deux dernières, toujours "en lice" selon lui.
L'explication par la "maquette volante"
Julien a retrouvé la trace d'un certain Weinstein, qui acquit une courte notoriété en 1952 en construisant et en faisant voler une maquette de soucoupe volante à hélice appelée "la chose", propulsée par un petit moteur thermique d'à peine 5 cc. Ce Weinstein était même un voisin de Frégnale, puisqu'il habitait Vichy. Il a donc probablement construit cette "chose" juste après l'observation médiatisée de Frégnale pour concilier sa passion du modélisme avec l'actualité exotique du moment. En témoigne cette page du magazine RADAR du 10 août 1952 (dont j'ai acheté un exemplaire en bon état), soit moins d'un mois après l'observation du lac Chauvet (cliquer pour agrandir). A noter que les superstructures (axe de l'hélice / moteur) sont nettement visibles et reconnaissables sous l'engin.

La Chose
la "Chose" du jeune Weinstein
Radar 10-8-1952
Magazine RADAR du 10/08/1952
(cliquer pour agrandir)

Cette même année 1952 les modèles en forme de soucoupe semblaient être à la mode. Julien Arlandis a en effet trouvé un petit film extrait des actualités Pathé-Gaumont de septembre 52, et montrant une autre soucoupe, celle d'un certain Agostini. Elle est visiblement en mode "vol circulaire" (le plus courant à l'époque), et le commentaire audio d'époque précise qu'elle vole à 150 km/h (ce chiffre a une importance pour la suite).
A noter que, si la dérive arrière (inutile en vol circulaire) et l'axe hélice / moteur (intégré dans l'aile) ne sont pas visibles, en revanche l'énorme train d'atterrissage l'est ! Et c'est normal : lorsqu'on a passé autant d'heures de travail méticuleux à monter un tel engin, on n'a pas envie de risquer de le casser bêtement à la fin de son vol (une arrivée en douceur sur une longue distance et une pente faible n'est évidemment pas possible en vol circulaire).

Agostini 1 La vidéo (format mpeg2, sonore)
Attention : 3 MO à télécharger ! ADSL recommandé)

Voir la même vidéo en mode "streaming"
Agostini 2

Ce type de "récréation" existe encore. Des  aéromodélistes s'amusent  encore de nos jours à faire voler "pour le fun" des tas d'objets improbables : fers à repasser (en balsa !), baignoires, sorcières sur leur balai, et ... soucoupes volantes ! A noter toutefois que, comme pour la soucoupe Weinstein, l'axe moteur - hélice est toujours visible sous l'engin, voire même parfois la dérive arrière.
soucoupe 1

 
soucoupe 2

Réfutation :

Mais en réalité, aussi séduisante et instructive que soit cette hypothèse, elle n'est pas plausible dans le cas de l'ovni de Chauvet.

Tout d'abord il est fort peu probable que la maquette ait pu être radio-commandée. Cette technique n'est arrivée en France qu'à la fin des années 50, et encore, avec des performances fort limitées (contrôles tout ou rien) et à un prix prohibitif.
Au début des années 50, les seules techniques à la portée d'un amateur, même éclairé, étaient le vol libre et le vol circulaire.
Le vol libre (avec ou sans moteur) est lui aussi exclu. Une fois en vol, à cette altitude et avec le vent qui soufflait alors, Frégnale risquait de casser son précieux modèle, voire de le perdre en le voyant s'éloigner au loin. Impossible donc de faire plusieurs essais, et gros risque que quelqu'un ne découvre sa soucoupe quelques kms plus loin.
Reste donc le vol circulaire, technique la plus populaire en terme de vol motorisé à l'époque. Avec le vol circulaire on commence à intervenir sur le vol du modèle: le modéliste est relié à l'avion par deux câbles qui, actionnés par une poignée, commandent la gouverne de profondeur, et agissent ainsi sur l'altitude du vol. Le vol circulaire est une invention française dévoilée au grand public par les militaires de l'US NAVY qui avaient trouvé cette méthode fort pratique pour faire évoluer des modèles sur le pont des porte-avions.

On peut alors soulever plusieurs objections rédhibitoires à cette explication de la maquette volante :
L'explication par le ballon hélium
Quel type de ballon ?
Un ballon libre emporté par le vent aurait pris une position quelconque dans l'espace, il est donc fort peu probable que la tâche sombre sous le ballon ait pu par miracle garder en permanence la même orientation.
De plus, en cas de canular, un ballon libre risquait d'être emporté au loin avant d'avoir pu prendre les bonnes photos, puis d'être découvert par un tiers (et voir ainsi le canular éventé). De plus un ballon libre, sauf cas très particulier, à tendance à monter indéfiniment.
Ce n'était donc pas un ballon libre
Ce n'était pas non plus un ballon motorisé. Les radio-commandes étaient plus que rares à l'époque, hors de prix pour un amateur et de portée limitée (100 m). De plus on ne voit aucun aileron ni gouverne pour le manoeuvrer.

La seule explication restante est donc un canular à base de ballon captif à hélium, en forme de "soucoupe", au bout d'un long filin manoeuvré par un complice, et comportant sur son dessous une tâche sombre excentrée. C'est la thèse actuellement défendue par Julien Arlandis.

Réfutation :
Des arguments généraux, que j'ai déjà donné au chapitre V, vont globalement contre la thèse du "canular avec complice" : mobile psychologique douteux, pas d'aveux en 30 ans, pas de gain financier, pas d'autres canulars avant ou après, pourquoi l'indispensable complice n'a t'il jamais parlé ?

L'aspect général de la "soucoupe" est étonnant et improbable. Pourquoi pas une forme plus archétypale de soucoupe de l'époque (argument d'ailleurs repris par Dominique Caudron), avec coupole, hublots, trains d'aterrissage, dessous bien bombé ou détaillé, etc. ? Et puis surtout, pourquoi cette tâche sombre excentrée sur le dessous, totalement atypique en ufologie, et inutile pour un canular ?!

La fabrication d'un tel ballon, en total secret, jamais retrouvé, et pour un usage unique, parait un exploit inoui et là encore fort improbable pour l'époque. Qui plus est pour un simple canular, et non pour une activité plus sérieuse (scientifique par exemple). Comme le fait remarquer fort justement Dominique Caudron l'usage à l'époque était d'utiliser soit un objet en forme de soucoupe lancé en l'air, soit suspendu à un fil. Plus simple et plus efficace.
L'hélium était rare et cher en 1952 pour un simple particulier. On ne trouvait pas de l'hélium pour quelques euros à chaque coin de rue, chez un fleuristes ou un distributeur de gaz comme aujourd'hui. Il était réservé à un usage scientifique (refroidissement, ballons météo) ou technologique de pointe (les premières plongées avec un mélange oxygène-hélium).
Idem pour l'enveloppe du ballon. A l'époque point de mylar ou de matières synthétiques légères, résistantes et pas chères comme aujourd'hui. Les enveloppes des ballons étaient en coton, latex ou caoutchouc vulcanisé, lourd et sujet aux fuites, surtout avec un gaz très léger comme l'hélium. Bien qu'inventé en 1938, le nylon (polyamide) fut surtout utilisé pour les bas, cordages, pneus, etc. Les enveloppes de ballon restèrent en d'autres matériaux, dont le caoutchouc, tard après la seconde guerre mondiale. Le mylar (un plyester) n'a été inventé qu'en 1952. Le Polyéthylène date aussi du début des années cinquante en angleterre. Polyuréthannes et PVC datent de 1940, mais là encore n'étaient pas connus du grand public, ni des aéromodélistes.

Sans compter qu'il a bien sûr fallu transporter l'encombrant matériel (soucoupe / ballon, bouteilles d'hélium, filins) jusque sur la colline, le déballer, gonfler le ballon, faire des essais, et le tout sans se faire voir ni attirer l'attention.

Toutes ces raisons font sans doute que l'on ne rapporte - à ma connaissance - aucun canular à base de "ballon à hélium" dans les années 50. Même encore aujourd'hui, avec l'incroyable progrès technologique et baisse des prix survenus depuis 50 ans, de tels ballons - pouvant faire illusion en extérieur et avec du vent - sont rares. La plupart ne peuvent voler qu'en intérieur et sur de faibles distances (< 100 mètres) :

ballon blimp UFO motorisé    ballon UFO motorisé    Dragan Fly Disc

La forme du ballon supposé pose également problème. Comme on peut le voir sur les photos ci-dessus, tous les ballons de type "soucoupe" ont une forme caractéristique, du au procédé de fabrication de l'enveloppe. Cette forme est soit en forme de quasi-sphère, soit en forme de "lentille" biconvexe plus ou moins aplatie,  avec un bord bien marqué. En tous cas rien de ressemblant avec l'ovni de Chauvet.
En fouillant sur le net, j'ai trouvé sur le site du CNEGU cette photo (ci-dessous) d'un ballon ayant une forme plus traditionnelle de soucoupe. Comme on le constatera, si la forme n'est pas biconvexe, elle est encore très différente de celle de l'ovni du lac Chauvet, notamment sur son pourtour. Notez en effet le rebord bien arrondi, parfaitement explicable par la pression du gaz à l'intérieur. Et comparez maintenant avec la forme de la bordure de l'ovni photographié par M. Frégnale, sur la photo en bas et à droite. Il s'agit d'un agrandissement de la photo 3 traitée par Photoshop pour mieux faire ressortir les contrastes. Merci au pseudo "herbe de provence" sur le forum des sceptiques du Québec.
      
ufo CNEGU
ballon UFO (CNEGU)
ufo CNEGU zoom
zoom sur la photo de gauche
Photo 3 - traitement Lempel
agrandissement de la photo 3 du lac Chauvet
(traitée informatiquement)

L'OVNI de chauvet ayant visiblement un fond plat (ou légèrement concave), il aurait donc fallu bâtir une armature discoïdale rigide (mais pas trop lourde) et tendre par dessus une toile. Mais de ce fait, l'ovni ayant une forme semi-lenticulaire très aplatie, le volume de gaz aurait-il était suffisant pour faire léviter l'ensemble ? Un disque rigide de 1 m (au minimum), voire 4 mètres de diamètre, ça pèse !

Enfin, dernier argument : le filin par lequel le complice tiendrait et manoeuvrerait le ballon. Il faudrait un câble d'une bonne longueur (60 à 200 mètres selon les hypothèses minimales), et assez solide tout en étant très fin pour rester invisible sur les photos. Mais il faudrait en outre qu'il soit attaché au centre de l'objet et non sur sa bordure, car sinon l'engin semblerait pencher bizarrement.

N'en jetez plus la coupe est pleine.

Dominique Caudron ("Oncle Dom")

Ultra sceptique, ancien croyant lui aussi désormais "repenti" (les pires :-), Dominique Caudron a "traité" à sa manière (c'est à dire avec condescendance) du cas Chauvet sur le forum de discussion Francom.ovni de Google, sans bien entendu m'avoir jamais contacté pour en discuter ou me poser des questions (pourtant mon adresse mail est facilement accessible sur ce site). L'ayant appris indirectement par Julien Arlandis, je me suis inscrit brièvement sur ce forum. J'y ai découvert ce fil de discussion sur Chauvet (initié par Julien Arlandis le 4 juin 2004).

On y verra entre autres que M. Caudron raille et déplore ma propension à investiguer inutilement des explications improbables (le ballon échappé du tour de France, le trucage photo, ...). Il y voit là une brillante preuve de ma croyance ufomane, faisant semblant de chercher la vérité, mais en faisant bien attention de ne pas regarder là où je pourrais trouver une explication banale qui mettrait en l'air mes idées pré-conçues.

Cette envolée quasi-lyrique est assez risible lorsqu'on sait que toutes ces pistes que j'ai exploré m'ont été proposé par ses "confrères" sceptiques, qui tous défendaient chacun la leur, avec une certitude et une passion au moins égale que celle de M. Caudron. La place qu'elles occupent sur mon site est donc proportionnelle à l'importance que leur donne, collectivement, le camp des sceptiques. Comme on dit dans ces cas là, M. Caudron s'est tiré une belle balle dans le pied ...

Bref, une fois mis de coté ces digressions anti-ufomanes, on y découvre que la thèse de M. Caudron est celle d'une méprise avec un objet "inconnu" d'environ 3 à 4 mètres, léger, emporté par le vent, et que M. Frégnale aurait photographié en toute bonne foi.
Lequel ? Mystère et boule de gomme. M. Caudron remplace un inconnu (le "vrai" ovni), par un autre. C'est un argument ad ignorantiam par excellence.
Pressé par Julien Arlandis, Oncle Dom se risquera à suggérer des "objets de plage", explication pour le coup totalement grotesque, et que j'ai déjà réfutée précédemment à la fin du chapitre V.

Néanmoins, et pour ne pas terminer sur une note trop négative, je préfère retenir cet extrait des interventions de M. Caudron sur le forum Google : francom.ovni à propos de Chauvet :

A l'époque les faux, c'était :
- l'objet lancé en l'air (assiette, enjoliveur, ou autre). Ici ça ne marche pas.
- l'objet suspendu à un fil. Marche pas non plus ici.
- l'objet plus léger que l'air, et donc emporté par le vent (mais on peut l'attacher à un fil comme un cerf volant)
Ici ça aurait pu être ça, à condition de fabriquer un disque gonflable de près de 4 m, et qu'un aide le largue plusieurs kilomètres plus à l'ouest, du coté de Picherande, avec les risques de ratage que cela implique. D'autant que dans ce cas, Mr Frégnale aurait fabriqué une belle soucoupe à coupole comme on en montrait dans les magazine, et pas un truc bizarre, avec une partie sombre, excentrée, sur le dessous. Et il aurait eu du mal à transporter sa soucoupe de 4 m sur les lieux du lancement.
Memes arguments pour une mystification. Un mystificateur aurait fabriqué un objet de forme archétypique, et l'aurais lancé en direction d'une grande ville. Du Puy de Dome vers Clermont Ferrand, par exemple. Alors que trouver un photographe au lac Chauvet, en plein bled, relèved'un fameux coup de chance.
Conclusion : Si les paramètres de l'observation correspondent assez bien avec un objet volant au vent, il ne semble pas que cet objet ait été fabriqué spécialement pour être photographié du lac Chauvet.

Je ne saurais mieux dire. Dominique Caudron a bon tout le long. Avec du simple bon sens il élimine à juste titre toutes les types de canulars possibles (à part le trucage photo total). Restent donc : la méprise, et le "vrai" ovni. Hélas, arrivé si près du but, en ayant fait le plus dur, Dominique Caudron "cale". Il reste scotché sur la thèse de la "méprise avec un objet inconnu".  

Autres points de vue "sceptiques"

Eric Maillot : frisbee or not frisbee ...
Eric Maillot (sceptique / zététicien notoire et actif) s'est lui aussi exprimé sur le cas Chauvet, sur la liste de discussion Aleph (www.liste-aleph.org), dont les archives sont disponibles en ligne :

Il me semble que la thèse freesbee (ou tout autre objet discoidal, type assiette plastique, lancé à la main) et du disque de ball trapp (lanceur manuel portatif existant à cette époque!) sont toujours en course (malgré les contre-arguments, peu solides, d'Alain Delmon qui est bien pressé d'exclure bien des explications).

Non point pressé. J'ai même passé des mois, et pris plusieurs pages de mon site pour les étudier puis les réfuter. Les raisons en sont nombreuses, simples et de bon sens pour la plupart. Je ne les re-citerai pas ici (se référer au chapitre V), à part une seule : la tache sombre et allongée sous le disque.
Pour que la thèse du disque en rotation rapide (frisbee, plateau de ball trap) soit vraie il faut en effet absolument que cette tache soit une ombre, ce qui est impossible d'un point de vue géométrique. Même julien Arlandis l'a compris et le lui a dit. Mais M. Maillot est têtu ...
J'ai déjà expliqué pourquoi cette ombre ne correspondrait pas. En voici l'illustration avec deux frisbee "historiques" : le légendaire moule à tartes en aluminium de Mr Frisbie, et le fameux Pluto Platter (un modèle des années 51). Chacun pourra vérifier par lui même la forme en "croissant de lune" de l'ombre portée (source : http://inventors.about.com/library/weekly/aa980218.htm) :
Frisbee Tarte    Brevet Frisbee

Anecdote : selon cette référence autorisée, c'est l'apparition de soucoupes volantes dans les années 50 qui a déteint sur la forme des frisbee et non l'inverse ...
Patrice Seray : wait and see ...
J'ai discuté avec Patrice Seray (du CNEGU) sur Chauvet dès 2003. Il ne semblait pas d'accord avec mon sentiment sur ce cas et m'avait assuré entamer sa propre enquete, car "il avait sa petite idée". Connaissant l'orientation de la quasi-totalité des enquêtes du CNEGU (OVNI = méprises, canulars, Hibous Grand Duc (Kelly-Hopkinsville)), je m'attendais à tout : un nuage d'insecte ou un mirage de Saturne :-). J'ai publié mes premiers chapitres : pas de réaction de P. Seray. Je l'ai relancé : "je cherche encore, je ne peux encore rien dire" m'a t'il répondu. Depuis, j'en suis à 8 chapitres publié, ... et toujours rien coté CNEGU ou Patrice Seray (pourtant toujours actif, il vient de publier un article se gaussant d'un ou deux cas de la vague de 1954).
Les sceptiques du Québec : frisbee, "éclairage indirect" et vitesse du vent ...
J'ai amené plusieurs fois le cas du lac Chauvet sur le forum des sceptiques du Québec, où je vais régulièrement. Lors de nos derniers nos derniers échanges les sceptiques du Québec interessés (deux essentiellement, merci à Denis et Jean-François) ont précisé leur position sur ce cas, et ont "mis la loupe" sur certains points, comme la vitesse du vent.

Quelle était la vitesse du vent ce jour là sur le lieu d'observation vers 18h30 ?

Pierre Guérin parle de 60 km/h, ce qui fait déjà un bon vent, mais sans donner sa source.
Selon les archives de la Météorologie Nationale que j'ai acquises, la vitesse du vent ce jour là (18 juillet 52) dans les deux stations de mesure les plus proches de Chauvet était : "modérée" à Besse à 7h solaires(1050 m), et "faible" à Picherande à 8h légales (1123 m).
Evidemment cela ne correspond ni au lieu exact, ni à l'heure de l'observation (10 heures plus tard).Essayons néanmoins de quantifier ces vitesses un peu subjectives en l'état.

Sur ce site (http://segpa.valdugy.free.fr/meteo/instrumesurehtm/laforceduvent.htm) on rappelle les caractéristiques des vents "faibles" à "moyens" :                                           
Selon cette autre référence (http://www.meteofrance.com/FR/glossaire/designation/658_curieux_view.jsp), "vent modéré" correspond à "de 12 à 30 km/h".

Donc si l'on en croit ces sources, le vent dans les environs de Chauvet était de moins de 30 km/h au petit matin du 18/07/52. Le vent a-t-il augmenté en fin de journée pour atteindre 60 km/h, ou bien Pierre Guérin s'est-il trompé ? Il sera difficile de vérifier la source de Pierre Guérin, mais en fait peu importe. Le vent était "faible à modéré" ce jour là près du lac Chauvet, suffisant pour expliquer que les feuilles des arbres aient légèrement bougé sur les photos 1 et 2. Mais pas au point de remettre en question les calculs de Laurent Guérin qui se base sur la position de 5 feuilles remarquables pour estimer l'angle χ entre les deux azimuts  β1 et β2 .

La tâche sombre sous l'objet
Comme on l'a vu précédemment, cette tâche allongée et fixe est un argument rédhibitoire à la thèse du frisbee. L'ayant compris, Denis (l'un des sceptiques du Québec) a cru avoir trouvé "LA" solution :

Depuis que j'ai trouvé l'idée d'un fond circulaire foncé (avec "variation d'intensité de la réflexion d'un éclairage indirect" sur la partie "couronne"), l'hypothèse "assiette~frisbee" (possiblement lancé par un autre) a beaucoup remonté dans mon palmarès.   

L'idée d'un disque sombre sous le frisbee (supposé) et au centre est astucieuse. Elle permettrait d'expliquer une partie de la tâche sombre allongée visible sous l'objet. Tout au moins la partie située à l'extrémité en bas en gauche. Mais elle n'explique nullement le reste, notamment la partie qui rejoint le bord extérieur du disque. Là, notre sceptique Québécois est de nouveau obligé de se rabattre sur l'explication par une "ombre", explication qui ne tient pas la route comme je l'ai déjà démontré.
La thèse du prototype secret
Certains sceptiques, mais aussi ufologues plutôt "pro-ovnis" m'on soutenu que l'objet du lac Chauvet aurait pu être un réel engin volant révolutionnaire.
Il y a en effet un fantasme, un mythe tenace, qui prétend que dès les années cinquante, des engins militaires secrets de forme discoidale (inspirée des soucoupes volantes) et capables de performances incroyables, sans hélice ni gouvernes apparentes, auraient été construits en secret. Un autre mythe connexe est que ces engins utiliseraient le principe du frisbee, en ayant tout ou partie de leur superstructure en rotation rapide afin de les stabiliser (effet gyroscopique) voire de les sustenter.

Tout ceci est faux. Un engin discoidal en forme de soucoupe volante est atroce du point de vue aérodynamique, ça volerait comme un fer à repasser. Aucun engin professionnel, militaire ou civil de ce type n'a jamais volé.

La seule tentative américaine, le fameux projet Siverbug/Avrocar (voir photo ci-dessous), a été un fiasco lamentable et un énorme gachis d'argent public. Pour en savoir plus consulter cette page, sur l'excellent site "les ovnis vus de près" de Patrick Gross, et judicieusement intitulée "Stupidités ufologiques".
De même, si elles flattent notre ego national, toutes les tentatives de René Couzinet avec sa célèbre et spectaculaire "soucoupe" ont également été des échecs. Ses projets n'ont jamais dépassé le stade de la spéculation et de la maquette statique (voir ci-dessous, notez le petit réacteur bien visible sous le ventre). Source : http://aerostories.free.fr/constructeurs/couzinet/index.html.

AVROCAR - Silverbug
Maquette de l'Avrocar
(n'a jamais volé)
La soucoupe Couzinet
Maquette de la "soucoupe Couzinet" RC360
(n'a jamais volé)

Julien Arlandis, encore lui, a alors suggéré une soucoupe-hélico, avec des hélices/rotors horizontales, et carénées pour ne pas être visibles. Voici par exemple le modèle radio-commandé de Paul Moller (ci-dessous). M. Paul Moller est surtout connu pour son obsession depuis 40 ans de construire une "voiture volante". Il serait d'ailleurs près de réussir. La "soucoupe" ci-dessous n'est sans doute qu'un raté de parcours, ou bien une petite récréation qu'il s'est accordé.
Quoi qu'il en soit l'ovni de Chauvet ne peut être ce genre d'engin : André Frégnale aurait à ce compte un véritable génie méconnu en avance de 50 ans sur son temps. De plus pour fonctionner un tel engin a besoin de rejeter l'air sous ses rotors, or là on ne voit rien. Enfin il y a encore et toujours cette mystérieuse tâche sombre qui ne colle pas.

Soucoupe Moller




Références

Soucoupes volantes (aéromodélisme) :

http://users.skynet.be/asa/shows/ufo.html
http://pcii7.tibone.com/gallery/view_album.php?set_albumName=album04

http://www.astrosurf.org/lombry/ovni-priseencharge-scientifiques3.htm

Frisbee :
http://www.chez.com/chamminou/c13fen05a.htm

Pour la Science n°261 juillet 1999 : Le vol du frisbee
(L. Bloomfield) Une page, quelques explications et des schémas

Science et Vie Junior n°119 août 1999
Je tourne donc je vole (P. Grumberg) Le vol du frisbee et du boomerang en détails

Aérodynamique et performances du frisbee :
http://www.disc-wing.com/AIAA-2002-3150.pdf
http://www.disc-wing.com/CEAS_AARC_2002.pdf
http://www.science-house.org/student/bw/sports/sports01/frisbee/

Histoire du frisbee :
http://inventors.about.com/library/weekly/aa980218.htm
http://inventors.about.com/gi/dynamic/offsite.htm?site=http://www.sas.it.mtu.edu/%7Edkwalika/frisbee/prohistory.html

Ballons :
http://www.otherlandtoys.co.uk/product646/product_info.html?name=U.F.O.%20Flying%20Saucer&osCsid=afaf1dae7aceb962378114905272e130&first_non=true
http://www.cdli.ca/CITE/airships.htm
http://www.udppc.asso.fr/qr/qrphysique/qp0160.pdf (physique du ballon)

Histoire de quelques aéroclubs locaux :
http://www.aeroclub-versailles.com/histoire.htm
http://www.gvmp.ch/themes/adj/adj2.htm#15

Histoire des dirigeables & ballons :
http://perso.wanadoo.fr/blimp/histoire.htm
http://www.chez.com/tourdumondeballon/A.htm
http://www.momes.net/dictionnaire/m/montgolfiere/montgolfiere.html#historique

Quelques passionnés de ballons motorisés :
http://papalima.free.fr/motoballon/menu/menu.htm
http://papalima.free.fr/motoballon/siteamateur/siteamateur.htm

Matière des enveloppes :
http://www.transpolair.com/sciences/ballons_fusees/techniques_sondage.htm
http://www.sandretto.it/museonew/france/fplasti.htm
http://www.lagruyere.ch/archives/2003/03.01.21/gruyere.htm

Hélium :
http://www.sfc.fr/Donnees/mine/gazrar/texgrar.htm
http://www-drfmc.cea.fr/faitsmarquants/2002/486/Br486.htm
http://www.france.airliquide.com/fr/corporate/about_air/presentation/index.asp
http://yarchive.net/chem/helium_source.html

ufologie :
Le canular d'Avebury en 2003 : http://www.ufology.org.uk/article_read.asp?id=10
http://www.rense.com/general40/daydisc.htm



Retour en page d’accueil


Article créé le : 10/05/2004 ; Dernière révision le : 19/05/2005
Document made with Nvu