Lac Chauvet, 1952

Les cas solides :

Lac Chauvet, France, 1952

VII - Un trucage photographique ?


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Introduction : Galerie de photos Chauvet

Voici tout d'abord quelques scans tirés des copies originales de seconde génération prêtées par Laurent Guérin. Malgré la compression jpeg, elles sont quand même de bien meilleure qualité que les images que j'avais publiées jusqu'à lors sur mon site (voir chapitre I), et qui étaient tirées du livre de Pierre Guérin.
L'agrandissement de l'objet sur la photo 3 en particulier est je trouve assez impressionnant. Il est effectivement très net, comme "découpé au couteau" (dixit Pierre Guérin), et la bande sombre est bien visible.

Cliquez sur les photos pour les voir en plein écran.
Photo intégrale Commentaire Zoom sur l'objet
Photo N°1. Notez les bords apparents du film et les perforations. Notez aussi à gauche un petit bout de la photo suivante (N°2).
Photo N°2. Notez les bords apparents du film et les perforations.
Photo N°3. A côté deux tirages de l'agrandissement de l'objet, l'un "clair" et l'autre "foncé"
Photo N°4. A côté deux tirages de l'agrandissement de l'objet, l'un "clair" et l'autre "foncé"

Introduction

Le trucage photographique est aussi vieux que l'invention de la photographie, et l'ufologie n'y a pas échappé. La plupart des techniques de trucage étaient déjà au point dès les années 20/30, et il a fallu attendre l'explosion de la micro-informatique, et des logiciels grand public (tel Photoshop) dans les années 90 pour franchir une nouvelle étape qualitative : celle du numérique.
Truquer une photo est possible, même souvent pour un simple amateur averti. Les sceptiques en concluent donc, à tort, qu'on ne peut accorder aucune valeur (ni preuve, ni indice) à quelque photo d'ovni que ce soit. Les "croyants" ont eux le défaut inverse, celui de s'enthousiasmer instantanément et sans aucun esprit critique pour le premier cliché flou venu, et à persister dans leur croyance même lorsque des experts l'ont estimé plus que douteux.
Truquer une photo est possible donc, mais pas toujours facile. Le "crime parfait" est plus rare qu'on ne le dit, il y a toujours un détail qui cloche, une anomalie oubliée par le photographe et qui permet de deviner la fraude. Et en 1952, avant l'ère du tout-numérique c'était encore bien plus difficile : pas d'assistance informatique avec de puissants logiciels permettant de retoucher au pixel près chaque parcelle du cliché, pas de possibilité de réessayer des centaines de fois jusqu'à obtention du résultat parfait.

Il y a deux grandes manières de détecter un trucage photographique : Dans les chapitres précédents du dossier Chauvet (notamment II et V) j'ai utilisé la première méthode, et je pense avoir démontré qu'il n'existe aucune faille, aucune erreur patente dans ces photos, aucune incohérence avec le témoignage d' André Frégnale. En particulier les positions de l'objet sont compatibles avec la trajectoire estimée par le témoin. Et pourtant cette série est exceptionnellement "riche" en informations (4 photos consécutives, d'excellente qualité, sur un film et avec un appareil au "top" de l'époque, prises par un professionnel, avec divers éléments de paysage visibles.

Dans ce chapitre je vais démontrer de même qu'on ne détecte aucune trace d'aucun des trucages connus sur cette série de photos. Mais mieux encore, je vais démontrer pourquoi il n'y avait aucun moyen de les truquer.

L'insertion des 4 photos au sein d'un film anodin

Certains sceptiques ont cru pouvoir accorder plus de chances au canular, en imaginant que les 4 photos auraient été faites à bien plus que 8 secondes d'intervalle. M. Frégnale aurait fait plusieurs essais, attendu d'avoir les conditions idéales, puis aurait déclenché chaque photo au moment opportun. A la limite plusieurs jours pourraient séparer chaque cliché
Or il est avéré que sur le négatif original, ces 4 photos étaient précédées et suivies de photos anodines.
Certains sceptiques ont donc avancé que Frégnale aurait rephotographié les clichés truqués avec une autre pellicule, commençant par des images anodines.
Cela lui aurait ainsi laissé tout le temps (peut être plusieurs jours) pour réaliser plusieurs essais, des dizaines si nécessaire, puis de sélectionner les quatre meilleurs clichés, pour enfin les insérer au milieu d'une pellicule ordinaire, et faire croire au "coup de chance".

Cette hypothèse se heurte aux mêmes objections déjà soulevées à propos d'un éventuel canular (voir chapitres II et V) :

La surimpression à la prise de vue

Aussi appelée "double exposition", elle consiste à photographier deux fois le même bout de pellicule, une première fois le paysage seul, puis la seconde fois l'objet (la "soucoupe" seule). Au tirage les deux apparaissent sur la même photo.
Cette hypothèse est rejetée d'amblée, à juste titre par Pierre Guérin, qui a examiné rappelons-le le négatif original au microscope. Je cite Pierre Guérin, page 121 de son livre "OVNI, les mécanismes d'une désinformation" :
"D'autre part, ces images ne pouvaient pas résulter d'une surimpression par le biais d'une glace sans tain ou de tout autre procédé comme la double exposition (au demeurant, impossible à réaliser avec l'appareil photo du témoin), car un tel artifice n'aurait pu laisser sous-exposée la face inférieure sombre de la soucoupe sur laquelle se serait imprimé le fond clair du ciel. Les photos montraient donc un objet dans le ciel lui-même, mais quel objet ?"
Mes propres recherches confirment d'ailleurs que l'appareil de Frégnale, un Contessa pliable 533/24, ne permettait pas mécaniquement le rembobinage de la pellicule.

Le photomontage

BushMeetsALien Certains sceptiques ont alors imaginé le "trucage photographique intégral", c'est à dire un photomontage à la colle et aux ciseaux, l'ancêtre des manipulations d'aujourd'hui avec Photoshop ou PaintShopPro.
Selon les sceptiques une photo d'ovni n'a strictement aucune valeur car, avec du temps et de l'expérience on pourrait réaliser n'importe quel trucage, et le rendre totalement indétectable.
Aujourd'hui en effet, grâce à l'informatique, quasiment n'importe qui peut réaliser un photomontage comme celui ci-contre. Eh oui ! Si l'on en juge par cette photo, Georges Bush sait qu'"ILS" sont là, et a scellé un pacte avec eux ... brrrr :-).

Pourtant, cette croyance, largement répandue dans le grand public, tient pour moi largement du mythe, et a pris son essor avec l'ère du numérique. Dans la pratique les trucages destinés à tromper le public sont assez rares, et il y a le plus souvent des moyens assez simples de les repérer, surtout à l'époque de l'argentique.

Mais faisons d'abord un peu d'historique.

Bref historique du trucage photo

Dès le XIXème siècle, les artistes ont exploré toutes les possibilités de ce mouveau media qu'est la photographie, et ils n'ont pas cessé depuis. La photo de gauche date de 1902, celle de droite - beaucoup plus récente - est signé Newry, l'un des artistes actuels les plus côtés sur ce type d'oeuvre.
Sur cet excellent site, dédié au "Cut&Paste", on peut lire notamment :
"A variety of methods for making composite photographs was discovered during the Victorian era. The more complex examples were constructed in the darkroom using multiple exposures onto the same plate, with unexposed areas being masked by pieces of black velvet, presaging the precise realism of the likes of John Heartfield, who employed professional photographers to seamlessly blend his ideas in the darkroom.
Other images were produced from a more primitive "cut and paste" technique, and the final picture then rephotographed, an approach to montage that has persisted ever since, and still finds favour with some of today's montage artists like Sean Hillen."

Le photomontage n'est hélas pas qu'un amusement. Il fut même parfois utilisé pour tromper le grand public comme le montre cet épisode, dont voici un extrait :
When Bill Clinton shook Cuban leader Fidel Castro's hand at the United Nations, the New York Daily News was the only one of the city's major publications to capture the first-ever meeting between a sitting United States president and Castro.
There was only one catch -- the photo had never been taken.
Instead, the photo was actually a montage -- a composite photograph of two pictures that were combined to illustrate a moment that reporters had witnessed but photographers hadn't photographed.
A insi donc, très récemment, le New York Daily News n'a pas hésité, pour faire un scoop et augmenter ses ventes, à monter de toutes pièces une photo entre Bill Clinton et Fidel Castro.

Encore plus "sombre" : le photomontage politique. Tout le monde sait (ou devrait savoir), qu'après chaque purge, Staline faisait effacer, par simple retouche des photos officielles, les personnages, jadis hauts dignitaires du régime, et qu'il avait fait arrêter puis assassiner.
Heureusement ces cas sont rares.

Venons-en maintenant aux trucages utilisés en ufologie, depuis 1947.

Le trucage photo en ufologie

Comme le rappelle ce site, les méthodes de trucage étaient relativement peu nombreuses et assez frustres :
Primitive ways of faking UFO photos — before modern computers — included throwing objects in the air (such as trashcan lids, breakfast bowls, hats, or ordinary dinner plates) and photographing them against whatever scenery you thought would look good. It was usually best to get the object against a clear part of the sky so that its size could not be easily measured.
Another method was simply to draw, paint, or paste a disk or cigar-shaped object on to a picture and then photograph it again. The new picture would be a little more blurred than the original, and would look more realistic and less detectable as a fake.
N B : les emphases en gras sont de moi.
La première technique citée ici, et la plus largement utilisée, consistait donc à lancer un objet en l'air, ou bien à le suspendre par un fil invisible à une haute branche ou à un fil électrique quelconque. Cet objet étant bien entendu une maquette de "soucoupe" de petite taille (moins de 50 cm), ou plus fréquemment un objet courant détourné de sa fonction première pour faire illusion (enjoliveur, moule à tarte, rétroviseur de camion, ...)
Voici comme illustration de ce procédé les célèbres photos truquées du "contacté" Suisse Billy Meier :


Cette technique n'a pas pu être utilisée pour Chauvet, comme je l'ai démontré au chapitre II et comme Pierre Guérin l'avait lui même affirmé dans son livre. D'ailleurs aucun sceptique interrogé sur ce cas n'a contesté cela. C'était pourtant la technique de trucage largement majoritaire en ufologie à cette époque, et de loin.

La seconde technique est celle du photomontage proprement dit, que nous allons aborder pleinement dans les sections suivantes. Mais il faut commencer par noter que le disque de Chauvet n'est pas flou ("blurred") du tout, au moins sur les photos 3 et 4, ce qui tendrait déjà à nous rendre sceptique sur l'emploi de ce trucage.

Principe du photomontage

+ =

Le principe du photomontage appliqué au cas Chauvet

J'ai contacté plusieurs photographes professionnels ou amateurs avertis, en personne ou via des forums de discussion, ou via leurs sites web. Aucun n'a réellement voulu "se mouiller" quant à savoir si les photos Chauvet ont pu être fabriquées par photomontage. Ils m'ont tous raconté des techniques de trucage, certes efficaces et sur un ton visiblement passionné et expert, mais qui ne s'appliquaient pas en l'occurence au cas Chauvet (utilisation d'informatique, de films spéciaux qui n'existaient pas en 1952, etc.).
Certes, la plupart d'entre eux (mais pas tous), finissait par dire, lorsque je les poussais dans leurs derniers retranchements, qu'à leur avis, ces photos avaient pu être truquées, car "en photo on peut tout faire". Ils reproduisaient en cela le mythe populaire dont j'ai parlé plus haut. Mais en pratique, aucun n'a pu m'expliquer à ce jour en détail comment techniquement ce trucage avait été réalisé (NDR : cette page est donc implicitement un appel => si un photographe expert, lecteur de mon site, sait comment Frégnale a pu faire, qu'il m'écrive !).

Une de mes relations, scientifique à Orsay, Joël E., fut dès le début adepte de la thèse du trucage. Il a consulté un photographe de ses connaissances qui lui a confirmé que les photos Chauvet auraient bien pu être réalisées par photomontage. Hélas, ce photographe lui aussi préfère apparemment l'anonymat, et je n'ai pas encore eu la possibilité de l'interviewer directement, afin d'obtenir de sa bouche ses explications techniques adaptées au contexte Chauvet, ou les fameux "nombreux exemples" de trucages similaires qui - prétend-t-il - étaient réalisés à l'époque.
J'espère que Joël pourra m'obtenir cette faveur :-)

Mais, selon ce que m'en a rapporté Joël, le trucage aurait consisté grossièrement à : Je le cite :
C'est vrai que la préparation d'un tel montage demande une grande rigueur pour ne pas introduire d'invraisemblance, et il faut avant tout faire des croquis du résultat recherché pour déterminer tous les paramètres des prises de vue. Pour la bande noire sous la soucoupe, il suffit de peindre la maquette conformément au croquis préalable. La photo de la maquette peut se faire en intérieur avec éclairage artificiel, car la luminosité de l'objet peut être arbitraire (dans certaines limites de vraisemblance), et il n'est pas nécessaire de la suspendre bien haut puisque sa taille sur le négatif n'a pas besoin d'être la même que dans le montage final.

Discussion / Réfutation de la thèse du photomontage

Mais, malgré quelques précautions de langage ("une grande rigueur de montage"), cette explication relève encore un peu de la profession de foi. Elle est trop générale, trop passe-partout. Il faudrait, soit l'appliquer au cas particulier des photos Chauvet, soit avoir des exemples de trucages similaires.

A l'appui de cette thèse, Joël citait cet article de la célèbre photographe Andrée Preschia. Dans son esprit il illustrait le fait que cette technique du photomontage permettait non seulement d'effectuer le trucage des photos Chauvet, mais était également très ancienne et très connue des professionnels.

Pourtant, à la lecture de cet excellent article, mon opinion est toute autre, et je ne peux que regretter davantage de ne pouvoir entrer directement en contact avec sa "source", ou avec tout autre photographe expert sur la question (de plus en plus rares avec le raz de marée du numérique). En effet il apparait immédiatement à la lecture de ce texte, plusieurs objections de fond, qui rendent la thèse du photomontage pour Chauvet, non seulement invraisemblable, mais carrément impossible techniquement :

Conclusion / Synthèse

Dans le cas Chauvet, cette explication par photomontage est donc invraisemblable:
Cette explication est également techniquement impossible, comme expliqué plus haut :

En cours de rédaction ...

Sources / Références

M. Gervereau : "Les images qui mentent" (2000) - Paris, Seuil (458 pages)

=== Ufologie et photos truquées
Les photos controversées de Gulf Breeze : http://www.virtuallystrange.net/ufo/updates/1999/oct/m16-014.shtml
Galeries de photos d'ovnis : http://thebiggestsecretpict.online.fr/ufo_et.htm
Les photos truquées de Billy Meier : http://www.iigwest.com/ufopix.html
D'autres photos d'ovnis truquées : http://www.users.bigpond.com/rdoolan/ufopicfakes.html :
Dossier "photos d'ovnis (truquées ou pas) : http://studiovni.ifrance.com/studiovni/som013.htm
=== Comment créer de fausses photos d'ovnis :
http://ncas.sawco.com/ufosymposium/p243fake.html (site sceptique)
http://www.garfnet.org.uk/new_mill/bbmedia/issue001/ufo_fake.htm

=== Photomontage artistique
Site dédié au "cut & paste" : http://www.cutandpaste.info/, mais principalement en tant qu'art
Technique du photomontage (Article d'Andrée Freschia)) : http://www.rtfm.be/king/photomontage/index.html


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Article créé le : 10/05/2004 ; Dernière révision : le 24/05/2004