Le texte ci-dessous provient de la page web http://www.skepsis.nl/belgie.html du site des sceptiques néerlandais. Il est traduit du flamand par M. Franck Boitte, enquêteur ufologue et
membre actif de la SOBEPS depuis 1972. Qu'il en soit ici publiquement
et chaleureusement remercié.
Ce texte est révélateur de l'état d'esprit qui a
régné sur la vague belge, et des positions prises par les
sceptiques flamands, raison pour laquelle j'ai choisi de le
présenter puis de le commenter.
Auteur: Wim van Utrecht
Source : Skepter 7(3), september 1994
Vols d'essai européens
Les ufologues wallons déploient leurs ailes
La vague d'ovnis au-dessus de la
région wallonne qui a fait rage de la fin 89 à mi-1991
continue à occuper les esprits tant en Belgique qu'en dehors de
ses frontières. Au début de cette année 1994,
cette question a jusqu'à été faire l'objet d'un
débat au Parlement européen dont le thème
était la création d'un centre européen
d'étude des observations d'ovni. C'est l'association SOBEPS de
Bruxelles qui milite depuis des années pour que ses
activités soient politiquement et scientifiquement reconnues qui
a joué le rôle principal dans cette histoire wallonne
Le groupe ufologique qui se trouve derrière la
dénomination de Societé Belge d'Etude des
Phénomènes Spatiaux n'est pas quelconque.
Déjà au début des années 70, peu de temps
après sa création, elle avait fait sa publicité
pour une vague de signalisations provenant de la région
bruxelloise et de Wallonie. Non seulement la SOBEPS avait réussi
à focaliser l'attention des médias sur ses
activités à des époques fixées à
l'avance, mais elle avait aussi compris la nécessité
qu'il y a d'agir avec célérité lorsque de nouveaux
témoins se présentent. C'est aussi ce qui s'est
passé lorsque fin novembre 1989, fut signalée la
présence d'un objet sombre muni de puissants projecteurs
au-dessus des cantons de l'Est du pays. Il ne s'était pas
passé un jour après que ces événements
eussent été rapportés dans la presse que,
déjà les collaborateurs de la SOBEPS se
répandaient dans les rues à la recherche de
témoins oculaires.
Par comparaison avec la moyenne des autres groupements ufologiques,
cette organisation privée est remarquablement organisée.
Dans un confortable et coquet bureau tranquille équipé de sa
propre photocopieuse, d'un local de réunion et même depuis peu
d'une petite salle de billard où les colloborateurs
peuvent aller se dégourdir les jambes, sont soigneusement
accumulés des centaines d'ouvrages sur la question, et des
classeurs contenant les rapports d'observation.
Mais les ufologues bruxellois ne sont pas facilement satisfaits. En
tête de leur liste de souhaits trône un véhicule 4x4
complètement équipé destiné à
permettre une intervention instantanée sur les signalisations
d'ovni les plus récentes. Idéalement,
l'achat de ce véhicule d'intervention
pourrait être financé par de l'argent public de la
communauté européenne, estime le physicien
liégeois Léon Brenig qui se trouve chez lui à la
SOBEPS et qui rapporte avoir été lui-même
survolé par un objet triangulaire inconnu qui fit un virage
à angle droit. Lucien Clerebaut,
secrétaire-général de l'association, estime pour
sa part que que le stade de la collecte des récits des
témoins est une étape qui doit être aujourd'hui
être dépassée. "Ce dont nous avons besoin à
présent, serait de pouvoir rassembler des données
à partir d'instruments. Il y a en outre une possibilité
non négligeable qu'un objet volant de ce type pourrait
s'écraser dans une zone à forte densité de
population," a-t-il déclaré.
Un centre ovni européen.
Le 7 novembre 1990, le parlementaire européen Elio Di Rupo, qui a
été élevé cette année au poste de
vice-premier ministre fédéral de de la circulation et de
la communication, a déposé un projet portant sur la mise
en place d'un office de collecte des observations d'ovni.
L'intérêt de Di Rupo pour les ovnis s'est trouvé
éveillé au moment où, fin 1989, le nombre de
signalisations en Belgique a pour la première fois
augmenté de façon spectaculaire (voir le Skepter de
decembre 1990).
Mais l'incitation directe à la mise en route de ce projet
remonte plus exactement au 5 novembre 1990 lorsqu'un débris de
fusée russe en feu traversa le ciel français, spectacle
qui entraîna une vague d'observation d'ovnis dans tout le sud de
l'Europe. Depuis,
le Parlement européen a désigné une
commission d'enquête dirigée par l'éminent
physicien atomiste italien sceptique Tullio Regge avec pour mission
d'évaluer la proposition Di Rupo. Regge a déjà
personnellement fait savoir que cette commission accueillerait
favorablement la demande et que la décision n'attend plus que
des garanties de son sérieux scientifique et une estimation des
charges financières qu'elle implique. Lui-même estime
qu'il
est important que des données solides et fiables sur la question
des ovnis deviennent disponibles, en dehors de toute question de leur
origine ou non extraterrestre. Seuls les britanniques se tiennent
à l'écart du débat, car ils estiment qu'il n'ont
rien à gagner d'un travail commun de la question que ce
soit au niveau européen ou à n'importe quel autre niveau.
Tandis que le SEPRA (_1_), un organisme d'enquêtes qui
dépend du Centre d'Etudes Spatiales français de Toulouse,
a été pressenti pour assurer la coordination de ce projet
de centre européen, la SOBEPS aimerait elle aussi recevoir des
fonds et pouvoir y participer. La question de savoir si ce centre verra
finalement le jour dépend entre autres choses de la nouvelle
réglementation qui sera adoptée après les
élections de juin. Il est plus vraisemblable que le SEPRA se
verra étoffer de quelques collaborateurs supplémentaires
de sorte que l'ingénieur Velasco et sa secrétaire n'en
soient plus les membres uniques.
Mais celui qui penserait que la SOBEPS a l'intention d'en rester
là se tromperait lourdement. Le groupement met pour l'instant
tout en oeuvre pour présenter un profil crédible à
la communauté politique et scientifique. Ses futures
activités vont se concentrer sur les enquêtes et le
terme "extraterrestre" ne sera plus désormais utilisé
qu'intra-muros. Il est bien connu que ce groupement est
déjà fortement politisé. Les accords de
collaboration que la SOBEPS a réussi à conclure au cours
de ces dernières années ne laissent planer
là-dessus aucun doute. C'est ainsi qu'avec la participation du
chef de cabinet du ministre des communications Guy Coëme, avait
été conclu en décembre de l'année
dernière un accord entre la SOBEPS et la Régie des Voies
aériennes aux termes duquel les bandes magnétiques sur
lesquelles sont archivées les enregistrements radar du Centre de
contrôle flambant neuf de Zaventem peuvent être
consultées sur simple demande par les collaborateurs de la
SOBEPS et gardées pour étude pour une durée d'un
mois.
C'est le même Coëme qui, trois années plus tôt,
alors ministre de la Défense Nationale, avait appuyé la
SOBEPS dans l'organisation d'une soirée d'observation en mettant
à sa disposition deux avions de reconnaissance de la force
aérienne. S'inspirant en cela de l'exemple de la France, les
services de la gendarmerie se sont récemment
déclarés disposés à transmettre sans
délai toute signalisation d'ovni à
l'association.
Un phénomène pernicieux
En avril de cette année paraissait "Vague d'OVNI sur la Belgique
2 - Une énigme non résolue", la suite du rapport de 500
pages "Vague d'OVNI sur la Belgique - Un dossier exceptionnel" que
l'association avait commis à l'automne 1991.
Il a été vendu 17 000 exemplaires du Tome I qui, comme
c'est le cas du second, a été auto-édité et
entièrement consacré à la récente vague
d'ovni belge. Cette seconde partie est une fois de plus devenue un
livre culte contenant une avalanche de dépositions de
témoins oculaires, de résultats d'analyse et
d'exposés d'opinions. Une campagne médiatique bien
organisée, avec des conférences et l'utilisation de
dépliants publicitaires en quatre couleurs devrait cette fois
encore assurer des ventes confortables. Mais le groupement ufologique
bruxellois a du faire face l'année dernière à
quelques revirements défavorables. En même temps
qu'on assistait à une forte diminution des signalisations, le
nombre des abonnés à la revue bimestrielle est
tombé en chute libre, passant de quelques milliers à
seulement quelques centaines avec pour conséquence que la vente
du nouveau livre se passe moins bien que prévu. La reconduction
pour 1994 de la coopération avec la Force aérienne ne
semble plus du tout à l'ordre du jour étant donné
que l'actuel nouveau ministre de la Défense nationale avait
déjà fait savoir dans une interview qui remonte à
1980 qu'il est à son avis totalement exclu que les ovnis
puissent exister. En outre, des critiques ont été
soulevées sur la nature scientifique du travail de la SOBEPS.
Quelques astronomes de l'Institut d'astrophysique de
l'Université de Liège ont même publié
à deux reprises dans la presse un communiqué où
ils déclarent que les points de vue défendus par la
SOBEPS ne rencontrent pas leur approbation. Certains même parmi
les plus fidèles collaborateurs du groupement se
déclarent insatisfaits de la tournure prise par les
événements depuis les succès commerciaux
engrangés par l'association. Fin 1993, le responsable du
réseau d'enquêtes Jean-Luc Vertongen a choisi de
tourner le dos définitivement à l'association. dont il
avait été l'un des piliers pendant ces 22
dernières années. Dans une lettre ouverte qu'il a fait
parvenir à quelque uns des enquêteurs belges,
l'enquêteur désabusé résume ainsi les motifs
de sa décision "Le dossier des ovnis ne repose que sur du vent
et est totalement incohérent. Le grand mythe des extraterrestres
est tenu a bout de bras par des prosélytes d'une
hypothèse continuellement reconstruite et qui, pour eux, devient
à la longue une réalité". Et Vertongen de
proférer aussi cet avertissement :"Il y a assez d'indices dans
les dossiers des ovni pour se convaincre que ces
phénomènes sont hostiles, néfastes et
particulièrement trompeurs". Ce que l'ex-collaborateur de la
SOBEPS entend par là n'est pas clairement exprimé.
Quand un avion en observe un autre
Parmi les milliers de signalisations d'ovni collectées par la
SOBEPS, il n'est pas aisé de trouver des preuves
concrètes. Au cours de ces 4 dernière années,
l'attention des enquêteurs - et aussi celle des médias - a
été focalisée sur deux incidents : les
échos radar fantomatiques qui ont été
enregistrés sur les écrans radar d'un chasseur F-16 dans
la nuit du 30 au 31 mars 1990 et la dia couleur réalisée
une semaine plus tard en région verviétoise. Le premier
de ces deux incidents s'est entre temps avéré
beaucoup moins prometteur qu'on l'avait initialement
espéré.
Commençons par l'exposé des faits. Dans la
soirée du 30 mars, un petit groupe de gendarmes en faction le
long de la frontière séparant les provinces de Brabant et
de Liège remarquèrent plusieurs lumières insolites
dans le ciel. En même temps, le radar terrestre de Glons, dans la
région de Tongres, captait des échos radars dont
l'interprétation posait problème. Suite à quoi on
fit décoller deux chasseurs F-16. Bien qu'il n'ait eu aucun
contact visuel avec le présumé ovni, l'un des deux
pilotes rentra à sa base avec un enregistrement radar sur lequel
apparaissaient des phénomènes aériens se livrant
à des cabrioles les plus incroyables. Comme le second pilote
avait pris une direction erronée, ses données radar
n'ont pas été conservées. C'est le colonel (promu
aujourd'hui au rang de général-major) Wilfried De Brouwer
qui présenta les enregistrements de cette nuit là
à la presse.
L'enquête passa entre les mains du professeur Auguste Meessen,
professeur en sciences naturelles à l'Université
catholique de Louvain-La-Neuve et collaborateur de la SOBEPS de la
première heure. Les conclusions de la première analyse
du professeur furent que : "La seule hypothèse valable est qu'il
s'agit d'un ovni véritable dont les caractéristiques
tendent à montrer qu'il ne peut que s'agir d'un artefact dont
l'origine n'est pas terrestre". Une analyse parallèle conduite
par le colonel Salmon (qui n'était à l'époque que
major) et l'ingénieur du secteur privé Gilmard (qui
travaillait à l'époque à l'Electronic War Center -
Centre de la Guerre Electronique) avait entre temps
démontré qu'il y avait de graves erreurs
d'interprétation des enregistrements radar. Cette enquête
officielle établissait que pour au moins 3 des 10 échos
anormaux enregistrés par le radar de bord de l'un des F-16, il
avait tout simplement pris le second F-16 pour un ovni ! On pense
aujourd'hui que les autres échos non-identifiés
pourraient être dus à la réflexion
résultant d'un phénomène d'inversion des ondes
radar sur des masses nuageuses compactes et humides. Si l'on en croit
un croquis réalisé par l'un des témoins, les
points lumineux observés depuis le sol en début de
soirée seraient tout simplement des étoiles. Les
conditions atmosphériques inhabituelles de cette soirée
suffiraient à expliquer pourquoi un groupe de gendarmes ont pris
des étoiles et des planètes pour des ovnis.
Il est remarquable aussi qu'une connaissance d'un des pilotes avait
déjà fait savoir dès octobre 1993 que lui et son
co-équipier étaient arrivés à la conclusion
qu'absolument rien d'étrange n'était arrivé au
cours de leur mission et que les perturbations de leurs écrans
radar avaient des causes naturelles. En de telles circonstances, il est
absolument incompréhensible que la Force aérienne belge
ait pu juger opportun de mettre en avant l'étrangeté
de ces événements en accordant son soutien à une
association ufologique qui a toujours ouvertement défendu
l'hypothèse extraterrestre. Il est également curieux que
le communiqué de presse dont la Force aérienne autorisa
la publication peu de temps après la chasse à l'ovni par
les F-16 ne soufflait mot des échos radar alors qu'elle en
parlait elle-même dans le communiqué qu'elle
présenta à la presse quelques mois plus tard, ce qui a
amené certains à conclure que cet écran de
fumée autour des ovnis sert, soit de manoeuvre de diversion
pour cacher des vols expérimentaux de ballons ou d'avions, soit
à masquer un fonctionnement défectueux de
l'équipement radar récemment installé par une
cause extérieure.
Un vol malheureux
A peine une semaine plus tard, le 4 ou 7 avril 1990 (les témoins
ne se souviennent pas de la date exacte), dans la commune de
Petit-Rechain, située non loin de Verviers, un jeune
garçon réussit à photographier un "ovni". Il se
trouvait avec sa fiancée lorsque, depuis l'arrière de son
habitation, il remarqua la présence dans le ciel d'un
objet inhabituel. C'est en prenant appui sur un mur
extérieur pendant les 1 à 2 secondes que dura
l'éclairement, qu'il en prit au zoom deux
diapositives. L'une d'elles fut ensuite jetée car on n'y voyait
rien. Lorsque l'autre eut été développée,
elle montrait exactement ce que dans la presse on décrivait
depuis des mois comme étant L'ovni belge : un triangle sombre
avec à chaque coin un projecteur blanc éblouissant et une
lumière de couleur rouge au milieu.
Le récit des deux témoins concernés (le
photographe et sa compagne) est des plus succint et le fait que la dia
est arrivée dans les mains d'un journaliste qui a cherché
à en retirer des avantages financiers ne laisse rien
présager de bon. Les analyses qui ont été
effectuées sur la dia de Petit-Rechain n'ont apporté que
de très maigres résultats. Que ce soit du
côté de l'Ecole Royale militaire belge ou de celui des
experts en photo français, américains ou belges qui se
sont penchés sur cette affaire, personne n'a réussi
à apporter la moindre clarté sur la façon dont la
photo a été prise. Mais faut-il s'en étonner
à partir du moment où, en l'absence de tout point de
repère permettant de se faire une idée de la dimension
réelle de l'objet et de son éloignement, cette dia ne
montre rien de plus que la silhouette d'un triangle sombre et de
quelques 4 lumières. Les analyses ont également plus
précisément porté sur les traces lumineuses
complexes figurant sur la pellicule. Une photo de simulation a
été réalisée par le présent
rapporteur et envoyée à l'Ecole Royale Militaire pour que
soit faite une enquête comparative. Même s'il s'est
avéré que la technique que j'ai utilisée (un banal
morceau de carton derrière lequel j'avais disposé
quelques lampes) ne pouvait expliquer toutes les particuliarités
de la dia originale, il est malgré tout clairement apparu qu'il
n'était pas nécessaire de consacrer d'importantes sommes
d'argent pour parvenir à truquer ce genre de
document.
Même s'il semble résulter des conversations que les
collaborateurs de la SOBEPS ont eu avec le témoin ainsi qu'avec
les autres membres du club de photo dont il fait partie, qu'il soit
quelqu'un de parfaitement crédible, la dia de Petit Rechain
présente encore une autre anomalie : c'est le dessous de la face
inférieure de l'objet qui est tourné vers la
caméra alors que selon la reconstitution des faits l'ovni se
trouvait bas sur l'horizon. Les témoins soutiennent qu'il
semblait en effet que la partie inférieure était
tournée vers eux, qu'au début l'objet paraissait
immobile et qu'une fois que la photo eut été prise, il se
déplaça rapidement vers la droite pour ensuite
disparaître derrière un mur. D'un point de vue
aérodynamique, un plan triangulaire n'est utile que lorsque la
direction de vol y est adaptée (pointe en avant) tandis que dans
le cas présent, c'est un mouvement latéral presque en
position verticale qui est décrit.
'Plasma jets'
Il est également difficile de comprendre pourquoi les
énormes spots tournoyants lumineux qui apparaissent sur la dia
n'ont pas été signalés par les témoins
(l'amie du photographe n'a jamais été
impressionnée par le phénomène et a seulement
décrit "trois points lumineux" jaune-clair avec au centre une
faible lueur de la même couleur). Cette photo est presque "trop
bonne" ce qui est exactement l'opposé de celles qu'avaient
prises quelques collaborateurs de la SOBEPS quelques jours auparavant -
et le 1er avril encore (_2_) !
Ce jour là, en début de soirée, ils avaient
réussi depuis leur poste d'observation situé dans le
petit village brabançon de Ramillies, à prendre quelques
photos d'un objet rectangulaire volant à basse altitude
parsemé de nombreuses petites et grosses lumières.
Après développement des photos, il était apparu
qu'on n'y voyait rien d'autre que des points lumineux microscopiques
faisant penser à ceux d'un avion ordinaire.
"Une situation tout à fait anormale" estime le professeur
Meessen pour qui il n'y a qu'une seule hypothèse valable pour
l'expliquer, à savoir qu'elle est due à
l'émission par l'ovni d'un rayonnement infra-rouge qui a
effacé l'image latente sur la pellicule. Il faut donc admettre
que ces rayons infra-rouges étaient absents sur l'ovni que l'on
peut voir sur la dia de Petit-Rechain, puisqu'on y voit même des
détails que les témoins n'avaient pas
remarqués. Mais le professeur Meessen sait comment se
débarrasser d'une telle contradiction en suggérant que,
dans le cas de la dia de Petit-Rechain, l'ovni émettait cette
fois non pas des rayonnements infra-rouges, mais ultra-violets, qui,
bien qu'invisibles à l'oeil nu, impressionnèrent la
pellicule. Le professeur estime en outre que les lampes que l'on voit
sur cette dia sont des "jets de plasma" avant de se demander si ce
récit peut nous apprendre quelque chose de plus sur le mode de
propulsion de vaisseaux venus de l'espace. La question est
à notre avis absconse, étant donné que pour
réaliser la photo, le photographe de Petit-Rechain a
utilisé un filtre Skylight, dont la fonction consiste justement
à arrêter les ultra-violets.
Quoique cela ne semble pas évident au vu de ce qui
précède, il ne fait aucun doute que des
phénomènes étranges se sont produits dans le ciel
belge au cours de ces dernières années. Nonobstant le
fait que pratiquement toutes les silhouettes et dispositions de
lumière imaginables ont été signalées, une
analyse des observations permet de dégager quelques
caractéristiques constantes. Les triangles sombres avec des
lumières
de plusieurs mètres de diamètre à leurs sommets et
les petites boules rouges centrale qui s'en détachent et
s'envolent plus loin par leurs propres moyens sont extrêmement
révélatrices.
Fait remarquable, les signalisations qui présentent ces
caractéristiques remarquables sont chaque fois
concentrées selon les mêmes séries de
données par des dizaines de témoins indépendants
dans des portions de territoire bien précises. Trois
séries d'observations se détachent nettement du lot : le
29 novembre 1989 (région 'Eupen-Vierviers-Liège), le 11
décembre 1989 (région namuroise) et le 12 mars 1991 (dans
le Condroz). La cause de la plupart des autres signalisations peut avec
une certitude raisonable être attribuée à des
confusions avec des avions ou des corps célestes qui, en raison
de l'importance excessive accordée à la croyance à
leur origine extraterrestre par la presse et à la
télévision, ont été prises pour des ovnis.
En tant que Flamand, je trouve tout à fait frustrant que seul un
pourcentage négligeable d'ovnis ait franchi la
frontière linguistique bien que la presse néerlandophone
ait accordé beaucoup d'intérêt à tels
incidents.
La relation existante entre les articles de presse et les
signalisations d'ovni a non seulement été
étudiée dans le nouveau livre de la SOBEPS mais aussi
dans un mémoire de licence de la Faculté de lettres de
l'Université de Liège (_3_). Il ressort plus ou moins
clairement de ces études quels pics de communiqués ont ou
n'ont pas été la conséquence de la fièvre
ovni qui régnait. Au cours de ces dernières années,
les thèses consacrées aux ovnis sont devenues un des
sujets préférés des étudiants
universitaires belges.
Zeppelin
Une rumeur circule depuis le début de la vague d'ovni. Il s'agit
du récit d'un pilote d'une compagnie aérienne belge qui
aurait expérimenté son petit avion ultra-léger
bricolé dans la région d'Eupen sans autorisation
préalable de ses supérieurs.
Nos efforts pour vérifier cette histoire n'ont pas fourni de
réponses définitives. L'hypothèse de vols d'essai
d'un engin expérimental révolutionnaire est une seconde
possibilité dont il est beaucoup question pour expliquer ce qui
se passe dans le ciel belge. La question que nous avons posée
à Bill Scott, collaborateur de la revue américaine
spécialisée Aviation Week & Space Technology, nous a
appris que ce spécialiste en projets aéronautiques
secrets n'était pas enclin à défendre ces
positions. Scott a admis ne disposer d'aucune information
concrète sur la question.
Deux scientifiques wallons estiment pour leur part qu'il ne faut
nécessairement chercher la solution bien loin. Au
moment des débuts de la vague belge d'ovnis, ils furent
surpris, au cours d'une promenade nocturne, de voir passer un avion
AWACS à très basse altitude. Depuis lors, ils sont
totalement convaincus que les triangles belges et les AWACS (qui ne
sont rien d'autre qu'un avion normal surmonté d'une antenne
radar circulaire) ne constituent qu'une seule et même
chose.
Ces derniers mois, le présent rapporteur est tombé au
cours de ses investigations sur un lot de rumeurs remarquables :
pendant la période où les ovnis se comportaient ici comme
chez eux, au moins deux personnes ont effectué des essais en
Belgique de machines expérimentales de leur invention : dans le
premier cas, il s'agissait d'un 'zeppelin'
télécommandé et muni de lampes halogènes,
dans le second d'une gigantesque soucoupe volante. Les recherches
entreprises n'ont malheureusement débouché sur aucune
certitude définitive, si ce n'est sur des racontars excitants
où il était question d'espionnage militaire, de traffic
de drogue, d'un pilote malchanceux, d'un célèbre chanteur
de pop music, et d'un financier arabe. Je vous ferai grâce de
l'exposé qui fait tenir tout ça ensemble.
Il n'en demeure pas moins que l'hypothèse de ballons reste
séduisante pour expliquer toute une série d'observations
principalement celles où il est question de manoeuvres à
basse altitude qui continuent à être signalées. Le
dernier des cas d'une des séries d'observations (celle du 11
décembre 1989) concernait l'observation d'un objet ovale
équipé de trois puissants phares dont le dessous
s'était empêtré sur la cime d'un sapin.
Lorsqu'après un certain temps, l'ovni réussit en
manoeuvrant à se dégager de cette situation, un bruit
pulsé de moteur fut entendu.A ce moment, l'objet se dirigea vers
le témoin dont il survola l'habitation et disparut de sa vue
(les trois projecteurs s'étaient éteints au moment
où l'objet ne fut plus visible). La lumière qui
provenait de l'ovni était plus éblouissante que celle de
l'éclairage public. Le témoin se souvient parfaitement
des ombres allongées et bien définies qui se
dessinèrent sur le sol au moment où l'engin survolait son
habitation. Peu après sa disparition, apparut sur l'horizon un
fort éclair lumineux dirigé droit vers le
ciel.
Le récit de ce témoin fait fortement penser à
celui d'un zeppelin en difficulté. Il a même décrit
un empennage et un insigne. Le rayon de lumière vertical permet
de supposer que quelqu'un suivait l'appareil à distance.
Indépendamment de celle de la SOBEPS, le témoin
reçut quelques jours après cet incident, la visite
d'officiers de l'armée et de la gendarmerie qui menaient une
enquête. Plus tard dans la soirée, l'endroit aurait
été survolé par un hélicoptère
militaire. Cet incident s'est produit à Jupille-sur-Meuse, dans
la province de Liège.
D'autres faits de la journée du 29 novembre 1989, celle qui a vu
démarrer les vagues, plaident en faveur de l'hypothèse du
ballon. Déjà dans la matinée de ce 29 novembre,
divers habitants d'un village de la région d'Eupen avaient pu
suivre les évolutions d'un objet ovoïde. Il est
révélateur qu'en ce qui concerne les observations
nocturnes de cette journée, il n'est plus presque exclusivement
question que d'un objet triangulaire, ce qui laisse supposer que les
témoins se sont laissés abuser par la disposition des
lumières situées sur la face inférieure de
l'objet. Un des gendarmes qui, en compagnie d'un collègue
observa l'ovni au cours de cette soirée remarquable, a
déclaré qu'à l'arrière de la forme
rectangulaire on pouvait voir une sorte de "turbine" et qu'en
même temps un bruit "pareil à celui d'un ventilateur"
devenait audible.
Il faut voir si la SOBEPS réussira d'ici là à
concrétiser son rêve européen et si elle apportera
par des enquêtes poussées plus de clarté sur
l'origine des insaisissables ovnis belges. La SOBEPS a de son
côté d'ores et déjà annoncé qu'il
reste encore dans ses dossiers quelques observations spectaculaires qui
n'ont pas été publiées jusqu'ici.
Ce qui nous promet une nouvelle année encore fertile du côté ovni.
Wim van Utrecht est Président du Groupement d'Etudes des
Apparitions d'Objets Lumineux Inconnus (SVL) et rédacteur en
Chef de Caelestia.
Notes
1. Service d'Expertise des Phénomènes de Rentrée
Atmosphérique. Le SEPRA est l'organisme qui a
succédé au GEPAN, le groupe d'études officiel qui,
de 1977 à la fin des années 80, avait été
chargé d'effectuer les enquêtes sur les cas d'observations
d'ovnis en France.
2. Si on peut estimer inapproprié le choix de la date du 1er
avril pour organiser une soirée d'observation , il a
été conditionné par l'euphorie engendrée
par la poursuite d'un ovni la veille par deux chasseurs F-16 et le fait
qu'un habitant de Bruxelles avait réussi au cours de la
même nuit à filmer un ovni depuis le toit de son
habitation.
3. Fréderic van Vlodorp: 'La vague belge d'observations d'OVNI
vue par la presse écrite francophone en 1989-1991: étude
thématique et regard critique'. Thèse universitaire,
Liège, 1992.
Discussion
J'ai finalement
renoncé à commenter ce texte tant il comporte d'erreurs
et d'insinuations malveillantes. Pour preuve cette lecture
commentée du seul premier paragraphe à titre
d'illustration :
La vague d'ovnis au-dessus de la région wallonne
Faux. Cette vague d'ovni a
également touché les régions flamandes et
germanophones, quoique dans une moindre mesure.
qui a fait rage de la fin 89 à mi-1991
Faux. A des degrés divers la
vague a duré jusqu'en 1993, comme l'ont montré les
enquêteurs bénévoles de la SOBEPS après que
ces phénomènes soient passés de mode
(médiatique) mi-1991.
continue à occuper les esprits tant en Belgique qu'en
dehors de ses frontières. Au début de cette année
1994, cette question a jusqu'à été faire l'objet
d'un débat au Parlement européen dont le thème
était la création d'un centre européen
d'étude des observations d'ovni. C'est l'association SOBEPS de
Bruxelles qui milite depuis des années pour que ses
activités soient politiquement et scientifiquement reconnues
Tendacieux. Si la SOBEPS a
évidemment l'objectif d'être reconnue par la
communauté scientifique (et elle en a les moyens plus que toute
autre association d'ufologues amateurs, puisque comportant en son sein
3 éminents scientifiques universitaires), elle n'a jamais
visé à une reconnaissance "politique".
qui a joué le rôle principal dans cette histoire wallonne
Faux. Encore une fois cette histoire
n'est pas uniquement wallonne, comme ce sceptique flamand veut à
toute force le faire croire. Comme si les belges de sa province,
grâce à on ne sait quel avantage de la nature, auraient
été immunisés contre les ravages de cette
supposée hystérie médiatique, qui aurait
amené au contraire des milliers de wallons à imaginer des
"soucoupes volantes" pour se faire valoir, ou à signaler un
vaste triangle noir puissamment éclairé alors qu'ils
n'auraient vu que Vénus ou un simple avion de ligne. Comme si
les wallons étaient plus particulièrement
crédules, moins observateurs ou plus mystificateurs que leurs
voisins.
En réalité cet argument géographico-linguistique
se retourne aisément contre les sceptiques qui l'emploient. Si
la vague belge était réductible en effet à
quelques méprises initiales (avions, ballons, ...),
amplifiées ensuite par une sorte d'hystérie collective,
il n'y a aucune raison pour
que cette hystérie ait mystérieusement
épargné la zone flamande. C'est conforme au simple bon
sens, et dire le contraire demanderait une preuve extra-ordinaire, par
exemple une étude universitaire sérieuse, publiée
dans une revue scientifique mainstream à comité de
lecture. Je doute qu'aucun sceptique ayant lancé cette
affirmation puisse jamais en apporter une.
Et voilà, dès le premier paragraphe d'à peine 5
lignes, on trouve 4 erreurs grossières ou insinuations
infondées ou tendancieuses. Inutile pour ma part de continuer
plus loin ce fastidieux exercice.