Ce dossier doit beaucoup aux informations de première main qu'a
bien voulu me confier M. Franck Boitte, enquêteur ufologue et
membre actif de la SOBEPS depuis 1972. Qu'il en soit ici publiquement
et chaleureusement remercié.
Nuit du 30/31 mars 90 : un ovni pris en chasse par deux F16 de l'armée de l'air Belge
Ce cas « visuel-radar » est beaucoup plus complexe qu'on
ne l'avait supposé au départ. Il ne faut pas y voir une preuve (de plus)
du phénomène ovni, mais un exemple des surprises qui peuvent survenir quand
on ne se contente pas des idées préconçues habituelles.
Ce
cas est probablement le plus célèbre de cette vague
Belge, car il a mobilisé des moyens
aériens importants de la Force Aérienne Belge, dont le
décollage pour "interception" de deux avions de chasse F16
après que plusieurs signalements concordants aient
été faits. Les radars Doppler des deux avions ont
à plusieurs reprises "accroché" un écho, qui a
à chaque fois adopté une attitude apparemment
intelligente d'évitement, avec des accélérations de
quelques
dizaines de g (c'est à dire bien audelà des
capacités de nos propres aéronefs, ou de nos pilotes).
Enfin, l'armée de l'air Belge a abondamment communiqué
vers le grand public, et a même collaboré en toute
transparence avec l'association ufologique nationale, la SOBEPS. Pendant
près de 3 ans, les ufologues ayant étudié
sérieusement ce cas ont cru avoir trouvé le "smoking
gun", et le seul avec une détection radar aussi
mystérieuse que spectaculaire, encadrée par tout un
ensemble d'observations radar, effectuées au sol par des radars
civils et militaires (avec une collecte de données radar, comme
il n'y en a jamais eu en relation avec le phénomène ovni
: Les F-16 ont détecté des échos radar, mais c'est
leur brève durée et leurs caractéristiques propres
qui posaient problème).
Dans le premier tome de "Vagues d'OVNIS sur la Belgique", les
enquêteurs et scientifiques de la SOBEPS, et plus
particulièrement le Pr Auguste Meessen (chapitre 6, p 351 et
suivantes), consacrent des dizaines de pages à étudier
à fond les évènements de cette nuit, et
particulièrement les enregistrements radars des deux avions.
Bien entendu toutes les causes de méprises possibles sont
passées en revue, dont les fameux "anges radars" et autres
"inversions de température". Pourtant le cas résiste, ce
qui fait conclure au Pr Meessen (page 394) :
La conclusion qui s'impose logiquement est que TOUTE AUTRE HYPOTHESE QUE CELLE DES OVNI EST EXCLUE A PRATIQUEMENT 100%.
Personne n'était capable, en effet, d'avancer une proposition rationnelle et
réaliste de l'ensemble des faits observés. C'est pourtant le même Pr Meesen qui quelques années
à peine plus tard, ayant poursuivi ses investigations, concluait
en 1994, qu'il existerait probablement une explication naturelle aux
surprenants échos radar, détectés par les F-16, compatible avec la physique qui
est sous-jacente au renvoi des micro-ondes et les particularités des
filtres électroniques utilisés par les radars Doppler de cette époque. Voici
un extrait de ses propos :
En 1994, j'ai trouvé une solution, expliquant
l'ensemble des faits observés d'une manière rationnelle
et cohérente. L'idée essentielle était que l'effet
Doppler est modifié quand les ondes radar sont renvoyées
par une masse d'air humide déformable. Cela rendait compte (1)
des échos anormaux des radars militaires au sol, (2) des
données des radars aéroportés et (3)des
observations visuelles des gendarmes. Tout cela résultait de
conditions météorologiques très exceptionnelles.
Je le savais déjà pour les radars au sol. Pour les radars
des F-16, cela résultait du fait que les "nuages invisibles"
sont des cibles molles qui se comportent autrement que les cibles dures
habituelles (II.406). Les gendarmes avaient observé des
réfractions atmosphériques en lumière visible,
parce que des cellules d'air humide et chaud, isolées les unes
des autres, s'interposaient parfois entre les gendarmes et le ciel
étoilé (II.408).
Pour plus de détails sur l'analyse du Pr Meessen lire la transcription de son article paru dans le numéro 97 de la
revue Inforespace - Décembre 1998 (sur le site Triangle de Philippe Huleux) :
Aujourd'hui, même si certains contestent encore la solution du Pr
Meessen (JP Petit par exemple), la majorité des ufologues
s'accordent à penser qu'effectivement ce cas "visuel-radar" est
pour le moins douteux et non probant.
Est-ce à dire qu'il met à mal sérieusement ou
totalement la Vague Belge, comme n'hésitent pas à le dire
tous nos joyeux pseudo-sceptiques de service ?
Que nenni. Cela retire du dossier un cas, un seul parmi des centaines,
peut être des milliers. Certes ce fut l'un des plus
médiatisés, et le seul avec une accroche radar aussi
longue et spectaculaire. Mais il ne doit pas être l'arbre qui
cache la forêt, en l'occurence les centaines de
témoignages concordants pendant près de trois ans, dont
une majorité de "triangles volants".
Qui plus est, on notera au passage que, comme dans l'affaire des
torchères du Golfe du Mexique en 2003, c'est un ufologue "pro
ovnis" qui a trouvé probablement la bonne explication,
raisonnement scientifique à l'appui, et non un "sceptique". Ces
derniers étaient bien trop enlisés dans leurs
"explications minutes" (F117, prototype secret, hallucinations
collectives amplifiées par les médias ...) pour essayer
de réfléchir vraiment.
Documents de référence
Le rapport Lambrechts (Forces Aériennes Belge) sur la nuit du
30/31 mars 90
"Vague d'OVNI sur la Belgique - Un Dossier Exceptionnel"
Ouvrage collectif de la SOBEPS,
Bruxelles 1991. Un must, la "bible" sur cette vague : une collection
sans égale de témoignages de première main,
enquêtés par les bénévoles et scientifiques
de la SOBEPS. Postface du général-major aviateur Wilfried DE BROUWER
"Vague d'OVNI sur la Belgique 2 - Une Enigme Non Résolue"