Vue d'artiste de Brazel, Marcel et Cavitt sur le champ de débris

ROSWELL

Lecture critique du livre de Gilles Fernandez "Roswell : rencontre du premier mythe"



Propos liminaire

Ce texte est une critique du livre "Roswell : Rencontre du premier mythe" de Gilles Fernandez, paru en avril 2010 aux éditions BOD.
Il s'agit du premier livre "sceptique" sur le cas si célèbre de Roswell en 1947. Après l'avoir découvert sur le forum des Sceptiques du Québec, je me suis décidé à l'acheter, puis à en débattre avec son auteur et enfin à mettre en forme ma position dans un texte publié.
J'avais cependant sous-estimé l'ampleur de la tâche, la complexité qu'a pris ce cas fondateur avec le temps, l'infinité des pistes à vérifier, des informations à recouper, des témoignages à analyser.
Cette critique reste donc partielle, inachevée, insatisfaisante quant à sa conclusion. Je ne pouvais pas égaler en trois semaines les 18 mois de travail de son auteur.

Disons le tout de suite ce livre a eu le mérite, non seulement de renouveler mon intérêt sur ce cas, mais surtout de modifier grandement ma position quant à sa nature. Jusqu'à lors j'étais nettement (plus de 80%) en faveur de l'origine "extraordinaire" de ces débris (autrement dit le crash d'un engin extraterrestre). Désormais je suis beaucoup plus dubitatif, disons que s'il fallait chiffrer ma position aujoud'hui je donnerai un 51/49 en faveur de la thèse "ordinaire-officielle" à savoir un vol MOGUL, probablement le N°4. Et cela en grande partie grâce à ce livre, qui présente pour la première fois une synthèse fouillée en Français des arguments en faveur de l'explication prosaique, et en partie aussi grâce aux recherches personnelles que sa lecture m'a amené à faire.

Pour autant mon curseur de vraisemblance n'a pas encore totalement basculé de l'autre coté. Si l'hypothèse MOGUL m'apparait désormais très possible, voire probable, il reste quand même des points en suspens, des questions sans réponse, des incohérences voire des invraisemblances dans cette hypothèse qui me paraissent loint d'être négligeables.
C'est pourquoi mon analyse du livre de Gilles Fernandez, tout en soulignant à chaque fois les points d'accord, passera plus de temps justement à mettre en lumière et à analyser les points de désaccord. Puisqu'en effet sur ce cas comme sur tous les autres, et sauf coup de théâtre imprévisible, il n'y a pas de preuves tangibles, matérielles à se mettre sous la dent, seule l'impossibilité éventuelle de toute explication "ordinaire" peut rendre crédible l'appel à une cause "extraordinaire".

NB : dans la suite du texte l'acronyme GF ou le terme "l'auteur" désignent Gilles Fernandez.

Critique du livre

Quelques critiques mineures de forme pour commencer

La 4ème de couverture dit : "l'ouvrage montre que choisir une explication [extraordinaire] plutôt qu'une autre [ordinaire] relève du déni".
Voilà une phrase qui tendrait à présenter l'ouvrage comme neutre, objectif, équilibré, sans parti pris. Or il n'en est rien, l'auteur a une approche sceptique (moderne) et l'entièreté de l'ouvrage va dans une seule direction : l'explication "ordinaire" par un vol MOGUL. D'ailleurs le titre de couverture lui est explicite ("le premier mythe"). Alors pourquoi cette frilosité et même cette contre-vérité en 4ème de couverture ? Je veux croire qu'elle n'a pas été écrite par l'auteur.

Dès la Table des matières, j'ai eu une appréhension. Les titres des différents chapitres relèvent en effet pour la plupart de ce mauvais humour que je déteste tant dans trop de publications sceptiques. "Thunderbirds 3&4 décollage !", "Gérald Anderson, les Apaches et l'inspecteur Colombo", ou "l'infirmière et le croque-mort" étant à citer comme exemple des plus "inventifs". Pour mémoire c'est d'ailleurs en réaction à un article au titre du même tonneau ("Cussac, 30 ans dans un cul de sac", d'Eric Maillot) que j'avais commencé mon site web en 2003.
C'est d'autant plus regrettable que le reste du livre lui est bien écrit et s'astreint à rester globalement sur les faits, les idées, les raisonnements.

Toujours sur la forme GF abuse des emphases typographiques de type italique, gras ou souligné. Cela peut être utile dans un mémo interne destiné à son employeur, ou à petite dose dans une discussion sur un forum ou un court article. Mais extensivement, dans un livre de 200 pages, cela devient génant.

II le sac à dos, et III A propos du témoignage

Il s'agit d'un résumé remarquable de la panoplie d'analyse du parfait sceptique moderne. Du rasoir d'Occam à la fragilité du témoignage humain, la douzaine d'arguments classiques de la réthorique sceptique y passe. On a même l'appel à notre chère Elisabeth Loftus.
Il y aurait beaucoup à dire sur tous ces arguments, assénés comme des principes indiscutables. Car s'ils relèvent pour beaucoup du bon sens et sont souvent féconds en recherche ufologique, je suis néanmoins très critique sur leur mauvaise utilisation récurrente par les sceptiques. Pris individuellement chacun de ces outils méthodologiques est valable. Mais c'est évidemment dans leur application, éminemment subjective elle, que tenants et sceptiques divergent souvent. Mais ceci nécessiterait un dossier à part entière tant le sujet est vaste, voilà qui nous éloigne trop de Roswell.
Anecdote illustrant la chose : GF dénonce le fait que les pro-ET tentent d'atténuer le témoignage soit-disant génant de Bessie Brazel en raison de son jeune âge à l'époque (14 ans), alors qu'il fait exactement de même contre le témoignage de Jesse Marcel Jr (11 ans à l'époque) page 106, parce que celui-ci parle de "poutrelles metalliques avec des hiéroglyphes" !

Prologue : la petite fille et le ruban à fleurs

L'auteur expose ici son argument majeur contre la piste extraordinaire/pro-ET du cas Roswell. A savoir le témoignage de la fille de Brazel, Bessie, qui décrit des débris très ordinaire, et plus particulièrement du ruban scotch à fleurs qui renforçait la structure type "cerf-volant". Scotch à fleurs mentionné lui aussi par Mac Brazel lui même dans le Roswell Daily Record du 9 juillet 1947, donc en théorie avant toute "contamination" par un éventuel cover-up militaire.
Or pour l'auteur ce scotch à fleurs est si inhabituel, si étrange, si spécifique aux débuts du programme MOGUL, qu'il ne peut s'agir du coïncidence ; il est invraisemblable d'imaginer qu'un vaisseau extraterrestre écrasé dans le coin aurait "comme par hasard" parmi ses débris quelque chose d'exactement semblable à du scotch à fleurs.

Cet argument est pertinent et l'un des plus forts en faveur de la thèse du ballon MOGUL. A ce stade je ne vois que deux contre-arguments, plus précisément une question et une hypothèse.
La (double) question est celle-ci : est-on certain qu'il y avait des cibles radar ML-307 sur le vol MOGUL N°4 censé expliquer ces débris et si oui est-on certain qu'il y avait du scotch à fleurs sur ces cibles radar ? On verra plus loin que ces questions n'ont rien de trivial et qu'en tout état de cause il n'y a à ce jour aucune preuve formelle et tangible à ces deux affirmations, sinon l'USAF en 1994 ou un enquêteur sceptique, l'aurait déjà trouvée.
L'hypothèse elle, déjà formulée par d'autres ufologues pro-ET, serait que Brazel a trouvé les débris d'un engin ET crashé par coïncoidence sur un champ où avait atterri peu avant un ballon du programme MOGUL avec ses cibles radar. Ce serait certes une belle coïncidence, mais tout de même bien moins improbable que celle d'un vaisseau ET ayant parmi ses composants du ruban scotch à fleurs.

IV La vague de juin-juillet 1947

Ce chapitre replace les "soucoupes volantes" et les "disques volants" dans le contexte socio-historique très particulier de la période mi-juin à mi-juillet 1947. L'auteur entend démontrer que cette vague d'observations d'OVNIS fut en réalité un mécanisme essentiellement médiatique, auto-entretenu ensuite par le désir de notoriété, à partir du récit initial de Keneth Arnold le 24 juin 1947 dans le Nord-Ouest des USA.

Je ne suis pas d'accord avec cette position, reprise d'ailleurs plus loin dans le livre notamment lorsque GF parle des "soucoupes de papier". Si c'était aussi simple il y aurait des "vagues" d'OVNIS en permanence étant donné qu'il y a en permanence ou presque des stimuli (des témoignage d'OVNI) et des médias avides d'audience. Je ne nie pas l'emballement et l'auto-suggestion, mais seule une étude sérieuse de tous les cas (en éliminant rapidement les cas non documentés ou douteux) permettrait de conclure. C'est impossible et de ce fait je ne suis pas partisan de l'étude "statistique" des OVNIs car le rapport signal/bruit est trop faible, on peut se tromper dans un sens comme dans l'autre.
Mais cela dépasse nettement le cadre de Roswell et nous entrainerait trop loin. Retenons uniquement à ce stade le contexte de l'époque, le cas de Roswell arrive en effet à un pic de témoignages d'observation d'OVNIS et de "buzz" médiatique.

L'auteur entend également démontrer qu'à cette époque les mots tels que "flying discs" ou "saucers" n'avaient aucune connotation extraterrestre, que c'était juste un moyen rapide de désigner un "machin bizarre dans le ciel".
Je suis globalement d'accord avec cela, et la copie du sondage Gallup de 1947 page 35 le montre bien. Je nuancerai nanmoins un peu.

D'une part il faut toujours se méfier des sondages. Le sondeur peut avoir ses propres biais et par exemple ne voudra pas mentionner l'hypothèse "véhicule extraterrestre" car elle lui parait plus que farfelue, incompatible avec le sérieux requis par une maison comme Gallup. Ou bien il ne s'intéresse pas trop à ces sujets en général et a traité ce questionnaire par dessus la jambe, après tout c'est juste un job pour subsister...

D'autre part si "flying disc" ne voulait pas nécessairement dire "vaisseau ET", cela pouvait aussi dire cela. Depuis la fameuse émission radio d'Orson Welles en 1938, jusqu'aux récits exotiques et aux couvertures criardes des Pulp Magazine comme le Amazing Stories de Ray Palmer, le grand public américain n'était quand même pas totalement ignorant des histoires de vaisseaux spatiaux venus d'ailleurs pour conquérir la Terre avec des Martiens à bord (on disait souvent "martien" comme générique pour "extraterrestre").

Et lorsque cette vague d'observations commença fin juin 1947, l'explication "extraterrestre" fut elle aussi envisagée, certes sur un ton ironique, parmi d'autres. Dans la région même de Roswell, le 1er juillet, on pouvait par exemple lire ceci dans la presse (source = http://www.roswellproof.com/ramey_and_kalberer.html) :
Fort Worth Star-Telegram, July 2, p. 6 

'DISCS' BEFORE THEIR EYES!
Platter Planes Poohed by Flier and Astronomer
By Robert Near
       Added reports of those strange flying discs reported seen in the sky by residents of West Texas and elsewhere caused Col. Alfred F. Kalberer, 8th Air Force intelligence officer, and Oscar Monnig, Fort Worth amateur astronomer to give renewed assurance Tuesday [July 1] that "we're not being invaded by little platter-like planes from Mars."
Un officier de renseignement de la 8ème armée basée à Fort Worth, disait textuellement "Nous ne sommes pas envahis par des sortes d'avions en forme d'assiettes venant de Mars". Dans la même page Web on trouve d'ailleurs aussi un extrait d'interview du Général Ramey.

V La grande fanfare

L'auteur entend discréditer ici une demi-douzaine des plus importants témoins directs cités usuellement par les pro-ET, dont Glen Dennis, Jim Ragsdale, Franck Kaufmann, ou Gérald Anderson.
Jusque là je suis volontiers GF. Je n'ai pas particulièrement étudié cette partie du dossier (rien que la partie traitant des débris représente déjà une montagne à maitriser), mais globalement ces témoins me paraissent effectivement douteux, voire franchement affabulateurs pour certains.

Il cite également d'autres témoignages (Blanchard, Kimbal) pour étayer le fait que l'activité de la base de Roswell était parfaitement normale le 8 juillet et les jours qui ont suivi, citant même l'anecdote d'un tournoi de football le 11 juillet ou de Blanchard parti en vacances juste après le 9 juillet.

Tout cela semble exact, mais je prendrai néanmoins le temps de vérifier cela moi même ultérieurement.
Par ailleurs cela ne me parait pas hélas incompatible avec un cover-up militaire top-secret suite à la découverte de vrais débris ET. Au contraire, dans ce cas les autorités compétentes auraient justement tout intérêt à faire diversion, à banaliser la situation, à mettre un minimum de personnes dans la confidence, à encourager des activités ordinaires.
Je dis "hélas" car le propre d'un complot réussi c'est justement de ne pas être visible, de ne pas laisser de traces .... sauf tardivement, lorsque des acteurs de la dissimulation sont pris de remords sur la fin de leur vie, et , n'ayant plus peur des conséquences, se lâchent et disent la vérité. Et encore, même à ce moment là, le bon complot peut résister. Car, si longtemps après les faits, comment prouver quoi que ce soit, qui va vérifier ?

VII A la recherche des sources

GF introduit ici le fameux vol N°4, celui que le rapport de l'USAF en 1994 présente comme responsable des débris retrouvés sur le ranch Foster.
Effectivement un vol dit N°4 a décollé le 4 juin. Gildas Bourdais entre autres a tort de le nier, il interprète mal les documents et témoignages.

Mais arrive ici mon premier désaccord majeur avec GF. Ce vol n'avait en effet pas du tout selon moi la composition d'un train MOGUL "normal", tel qu'indiqué dans le tableau de Charles Moore (tableau recomposé très tardivement et de mémoire et publié dans un livre en 1997).
Ce tableau tendrait à nous faire croire que ce vol était un vol en configuration MOGUL quasi complète, presque identique au vol N°2, à quelques exceptions près. Pour Moore il comportait 28 ballons et une charge composée d'une bouée sonar, de cibles radars, d'un lest en sable et d'un lest liquide, plus divers autres équipements mineurs.
Or le texte du journal de Crary est clair. Le vol MOGUL "normal" a été annulé à cause du vent. A la place il dit qu'a été lancée une simple bouée sonar ("regular sonbuoy") attachée à une grappe de ballons ("cluster of balloons").
Rien ne prouve qu'une ou plusieurs cibles radars, ou quelque autre équipement, y ait été attaché aussi. De même l'expression "cluster of balloons" au lieu de "the balloons" tout court montre qu'il s'agissait de quelques ballons seulement, parmi ceux qui avaient déjà gonflés, juste assez pour soulever un seul équipement, la bouée sonar (donc probablement une douzaine de ballons néoprène 350g).

Pour en avoir débattu avec GF sur le forum des sceptiques du Québec je pense que ce sujet (le vol N°4) nécessite une enquête spécifique et donc je ne développerai pas ici. J'essaierai de présenter mon analyse ultérieurement dans une page dédiée.

L'auteur reconnait ensuite avec honnêteté qu'il est vain, faute d'informations météo fiables, de vouloir reconstituer le vol N°4 est déterminer où il aurait pu atterrir. Il disqualifie ainsi les travaux de Moore lui même qui s'est charné (avec pas mal de mauvaise foi malgré ce qu'écrit le sceptique Tim Printy) à démontrer qu'il avait bien atterri sur le Ranch Foster.

GF persiste néanmoins à trouver "très raisonnable une arrivée au ranch [Foster]". Ma foi si c'est indécidable comment peut-il dire cela, sur la seule foi de relevés météo et de la direction des vents dominants de villes voisines ? Il y a trop de facteurs manquants, les vents changent souvent selon l'altitude, bref cela reste hypothétique au plus haut point. Le seul fait avéré c'est que le vol N°5, le lendemain, est tombé 25 miles à l'est de Roswell, soit assez loin de l'endroit où ont été trouvés les débris qui nous occupent (au nord ouest de Roswell). Et une des annexes du rapport USAF de 1994 montre clairement via une carte NYU d'époque, que la zone de récupération des trains lachés depuis Alamogordo s'étendait à l'ouest de ce site, alors que le ranch Foster, au Nord-Est de Roswell, était situé en dehors de cette zone. Y récupérer un vol MOGUL relevait donc, météorologiquement parlant, d'un concours de circonstances certes pas impossible à 100% mais rare et imprévu par définition.

Le fait que le journal du Dr Crary n'ait pas été trafiqué par l'armée pour y ajouter la mention explicite de cibles radar sur le vol N°4, ou une direction d'envol compatible avec le ranch Foster est alors  présenté par GF comme la preuve qu'il n'y a pas eu cover-up. Quel étrange manque de discernement. Ce document date de l'époque (1947), il n'y avait nul besoin alors de renforcer l'hypothèse MOGUL puisque l'explication bien plus ordinaire d'un simple "ballon météo" a convaincu tout le monde à l'époque, en quelques heures à peine.
D'autre part GF parle ici du cover-up d'un incident "extraterrestre" ; mais d'aucuns dont CB Moore lui-même prétendent qu'il y a aurait-eu cover-up pour protéger alors le projet MOGUL. Dans cette hypothèse, il est "normal" que ledit journal ne mentionne rien qui pourrait trahir ce "secret".
L'interview de Brazel :
Les articles du 9 juillet parus dans divers journaux locaux sont l'argument principal de GF pour accréditer l'explication ordinaire de Roswell. On comprend pourquoi ; Brazel y décrit en effet des débris très ordinaires, très semblables à ceux d'un ballon météo et d'une cible radar, et incluant même le si particulier scotch à fleurs, impossible à inventer, tant il est à la fois hautement inhabituel et aussi la "signature" du projet MOGUL. GF précise même qu'il accorde beaucoup de valeur à ces sources car il s'agirait d'interviews de Brazel, donc comme s'il avait témoigné directement.

Je reconnais que ces articles relatant les propos de Brazel le 9 juillet sont une des pièces maitresses en faveur de la thèse MOGUL. D'autant plus que je n'ai pas trouvé de preuve convaincante dans la thèse pro-ET qui veut que Mac Brazel ait fait ces déclarations sous contrainte militaire, et alors qu'il était gardé en rétention forcée. Certains témoins disent cela, d'autres non, je ne sais que conclure.
Il me faudra néanmoins étudier plus attentivement cette partie des témoignages.

En revanche je reste dubitatif sur la date de la découverte, supposément le 14 juin, alors que les premières dépêches parlait de "la semaine dernière", c'est à dire début juillet. D'autres sources en effet, par exemple l'affidavit de la propre fille de Brazel, "Bessie", âgée alors de 14 ans, affirment que la découverte a bien eu lieu début juillet, "autour du 4 juillet". Ce qui porterait un coup sérieux à la candidature du vol N°4 lancé rappelons le un mois plus tôt, le 4 juin.

Inversement GF évacue en une phrase une autre source génante, la dépêche DXR54, United Press, du 8 juillet qui elle parle d'une découverte des débris "la semaine dernière", donc tout début juillet. Et cela au prétexte que ce ne serait pas un témoignage direct de Brazel, dont le nom n'est même pas cité.
Pourtant les sceptiques sont souvent les premiers à rappeler que les sources les plus anciennes sont souvent les plus fiables, car non encore susceptibles d'avoir été contaminés, déformées, maquillées.
D'autre part, et je l'ai expérimenté personnellement, les articles de journaux sont loin d'être des parfaits reflets de la réalité en général, et des propos tenus par la personne interviewée en particulier. D'un autre coté une autre dépêche d'agence émise moins d'une heure après  donnait déjà la mention "il y a trois semaines"...

Bref, là encore, comme pour les modalités du vol N°4, ce sujet de la date de la découverte des débris nécessiterait un article dédié, et représente un second point de désaccord majeur avec GF.
L'inspection des débris par l'équipe de Marcel
Se basant principalement sur deux articles de journaux du 9 juillet 1947, celui du Roswell Daily Record et celui du Fort Worth Star Telegram, GF souligne ici élément par élément la correspondance quasi exacte entre la description des débris par Brazel et Marcel, et les éléments constitutifs d'une cible radar ML-307 telle que celle utilisée par le programme MOGUL.
Au § suivant "Les probabilités et les coïncidences", GF montre qu'une telle concordance, renforcée par le témoignage du colonel Trakowsky (qui accrédite l'utilisation du ruban mauve à fleurs), ne peut pas être une simple coïncidence, et que même les militaires de Roswell ont pu être trompés par un matériel si inhabituel à l'époque. La page 124 est un excellent résumé de cet argument.
Le chapitre VIII enfonce le clou en précisant le degré de corrélations entre les débris décrits par les témoins et ceux d'un train MOGUL. Non seulement ils sont proches en apparence, volume, taille et agencement, mais surtout il n'y a pas de description par les témoins de débris d'une nature significativement différente (par exemple un spheroide transparent ou une boite avec des antennes).

Cet argument est effectivement, avec le scotch à fleurs, l'un des plus forts du livre et de la thèse prosaique / MOGUL.

Cette partie de l'histoire comporte néanmoins plusieurs points peu clairs, incohérents ou en apparence difficilement compatibles en l'état avec la thèse officielle (MOGUL/NYU). Certes les sceptiques vont  m'accuser d'hyper-critique aigue, mais je pense que tous ces "petits détails", comme dirait l'inspecteur Columbo, mérite vraiment d'être d'être investigués.

Tout d'abord il faut noter que les articles de presse de cette journée du 9 juillet se résument à deux sources principales : l'article du Roswell Daily Record, interviewant William Brazel, et tous les articles de journaux qui ne font que reprendre les propos des dépêches d'agence (AP) ou des propos téléphoniques de l'armée, dont celui du général Ramey qui "dégonfle" l'affaire en la ramenant à un simple ballon météo. Je ne connais pas l'article du Chicago Tribune que cite GF mais je parie qu'il en va de même et que cet article n'a aucune source inédite.
L'article du Fort Worth Star Telegram (édition de l'après-midi) se démarque un peu de la trame des autres notamment en citant en sus des propos rapportés par le major Marcel lui-même.
Donc s'il y a bien eu cover-up avec construction d'une version "officielle" par l'armée de l'air dès le 8 juillet en milieu de journée (pure hypothèse à ce stade), il est logique que tous les articles basés sur une source militaire à Fort Worth, décrivent les mêmes débris.

Un autre point qui me parait encore étrange à ce stade est la nature des débris, totalement inconnue et mystérieuse pour les locaux et les militaires de Roswell, mais banals et identifiés au premier coup d'oeil pour les militaires de Fort Worth (Ramey avait visiblement déjà de gros doutes bien avant l'intervention décisive d'Irving Newton) et même Cavitt dès le 7 juillet.

En admettant que ces cibles radar étaient inconnues des fermiers et militaires de Roswell, comment n'ont-ils pas reconnu immédiatement les débris de ballon en caoutchouc, pour le coup très ordinaires et qui devaient nettement surpasser en quantité les débris de cible ? J'y reviens plus loin, notamment dans le § "Les photos tronquées et les cassettes inaudibles".

A noter que l'argument comme quoi les témoins emploient des mots comme "tiges", "ruban", ou "balsa" n'est en aucune manière décisif ni à prendre au pied de la lettre. Pour décrire quelque chose d'inconnu tout être humain va avoir naturellement tendance à utiliser des analogies, des mots le plus proche possible de ce qu'ils ont vu.

Enfin, autre exemple de petit détail" : comment les motifs du scotch à fleurs auraient-ils pu déteindre et s'imprimer directement sur les baguettes de balsa ? C'est impossible a priori puisque ce scotch était par définition sur les baguettes. D'autre part il n'a pas plu durant cette période.

Troisième partie : du déni

IX Mythe et mystifications narratives

Ce chapitre remet en cause des témoignages tardifs (post 1989) et indirects en faveur non plus seulement de débris étranges, mais carrément d'un vaisseau ET écrasé et de ses occupants "aliens".
Là encore je n'ai rien à dire contre GF, en majeure partie parce que je n'ai guère étudié cette partie de l'affaire, mais aussi je l'admets parceque ces témoignages paraissent effectivement très douteux.

Page 138 l'auteur minimise en revanche de manière déloyale le témoignage de Dubose, témoignage effectivement dérangeant car allant contre la thèse ordinaire (ballon MOGUL/NYU) et accréditant le cover-up militaire. Exemples de cette présentation déloyale :

Or dans son affidavit Dubose dit par exemple :
(7)The material shown in the photographs taken in Maj. Gen. Ramey's office was a weather balloon.  The weather balloon explanation for the material was a cover story to divert the attention of the press.
Autrement dit Dubose affirme qu'il y a eu cover-up et substitution des débris !
Etrangement le témoignage de Dubose est également éludé et plus qu'amoindri dans le fameux rapport de l'USAF en 1994. Son nom n'est même pas cité !

Le lien que je donne plus haut (http://www.roswellproof.com/dubose.html, sur le site de David Rudiak) liste d'autres interviews où Dubose a donné la même version (ie : dissimulation par l'armée, échange des débris). Pourquoi GF ne les cite-t-il pas et pourquoi ne retient-il qu'une seule interview, celle parue dans le livre de Korff en 1994 ?
Or dans ce livre, Korff ne fait que rapporter des propos d'une autre personne (Shandera) qui dit rapporter les propos de Dubose. Pour toute personne objective cela aura toujours moins de crédibilité et de poids qu'une interview directe filmée en vidéo, et un affidavit signé, du témoin lui même (Dubose)
A noter que Shandera n'a pris aucune note et n'a rien enregistré sur bande lors de son interview de Dubose. Etonnant et somme toute dommage. Son témoignage (car ce n'est que ça) a donc finalement moins de valeur que celui (plus direct, et matériellement tracé) de Dubose.

Shandera semble d'ailleurs un curieux personnage dans l'ufologie américaine. C'est lui qui avait reçu le premier document mystérieux sur " Majestic 12 ", sous forme de film dans un paquet anonyme et l'avait divulgué avec William Moore en 1987, avec les conséquences néfastes pour la crédibilité de l'ufologie en général que l'on sait. Moore a avoué en 1989 à la convention du MUFON à Las Vegas avoir collaboré à la désinformation militaire et il est complètement discrédité. Qui dit que Shandera n'a pas fait de la désinformation, sur Majestic-12 d'abord puis sur Dubose ?

Pour plus de détails sur comment les sceptiques aussi peuvent arranger des témoignages, en l'occurence celui de Dubose, lire cet article de l'excellent blog de Kevin Randle : http://kevinrandle.blogspot.com/2007/07/klass-shandera-and-dubose.html


Pages 139 à 144 GF continue à mettre en doute la partie "cadavres ET" du cas Roswell et les témoignages indirects et tardifs, voire carrément douteux comme celui de Glenn Dennis. Comme indiqué précédemment je suis en accord avec lui jusque là.

Puis "subitement" il enchaine sur la réfutation d'un autre témoignage, celui de Walther Haut ; témoignage génant car c'est un affidavit (signé devant homme de loi), d'un témoin bien placé de l'époque, et en faveur du crash, de cadavres ET et du cover up.
Or cette réfutation est hâtive et déloyale, non étayée. GF insinue en effet que Haut l'a fait pour de basses raisons mercantiles en tant que président du musée de Roswell consacré à l'affaire. Ou bien qu'il aurait peut être subi l'influence néfaste du vice-président du même musée, Glenn Dennis, dont effectivement on peut douter de la sincérité du témoignage.
Enfin j'extrapole, je devine. Car GF ne dévoile pas sa pensée. Il accole simplement au nom de Haut les items "musée de Roswell" (dont il précise bien qu'il est "lucratif" et génère 5 M$ de chiffre d'affaires) et "Glenn Dennis" (dont GF a dit tout le mal qu'il pensait depuis le début de son livre).

C'est un procédé réthorique connu, mais ça ne prouve en l'occurence rien contre Haut. Au contraire, le fait même qu'il ait renouvelé son premier affidavit par un second témoignage à n'ouvrir qu'après sa mort et encore plus pro-ET, prouve bien qu'il n'y avait aucun intérêt (financier) personnel dans cette histoire. A moins d'imaginer qu'il avait un tel amour passionnel pour la ville de Roswell qu'il voulait à tout prix, même en faisant un énorme mensonge, assurer à cette dernière la pérénité de la rente financière que lui assure le "cas" Roswell ?! Allons ...
Quant aux dessins "humoristiques" de Raoul Robe qui terminent ce chapitre, ils n'ont aucun rapport avec Haut et ne sont évidemment placés à cette place incongrûe que pour contribuer à décrédibiliser un peu plus ce témoignage.

Bref il y a suffisamment de vrais arguments pro-ballon et anti-ET dans ce dossier pour ne pas avoir besoin de tomber dans le dénigrement des personnes. Dommage.
Rétro-technologie plutôt rétro
Là je suis d'accord avec GF. Les allégations des pro-ET à propos d'une rétro-inégnierie des débris par le Batelle Institut qui aurait abouti à la "découverte" des matériaux à mémoire de forme sont non prouvées, voire farfelues. Rien de solide ni de probant là dedans

Les photos pages 150-151 en revanche sont extrêmement intéressantes. On peut d'ailleurs les trouver en bien meilleure qualité sur le site de David Rudiak, notamment la photo et l'article du Fort Worth Star Telegram : http://www.roswellproof.com/FWSTJuly11.html
L'épisode qu'elles relatent montre en effet que le 10 juillet, soit peu après la fameuse conférence de presse à Fort Worth ravalant le mystérieux Flying Disk au rang de simple ballon météo, l'armée de l'air était capable de faire voler au même endroit un ballon similaire, équipée de la même cible radar ML307, et de les suivre au radar (le camion au second plan). Tout cela alors que l'on nous dit que ces équipements (cible radar et radar de poursuite) étaient très rares à l'époque et non utilisés à Roswell ou Fort Worth. L'armée de l'air n'a eu pourtant aucun mal à se les procurer en 24 heures. Soit qu'en réalité il y en eut déjà sur place, soit qu'ils les aient fait tout simplement venir d'une base proche en possédant. Par exemple ... Alamogordo, le terrain d'essai tout proche (en avion) où justement on utilisait ces équipements dans le cadre du projet MOGUL !
Accessoirement ces photos montrent également à quel point une cible radar ML307 est petite, minsucule même comparée à l'étendue d'un ranch. Comment une cible radar de ce type (ou même deux ou trois) auraient elles pu donner des débris en quantité suffisante pour couvrir – même de manière très éparse - les ¾ de miles (Marcel Sr) ou même les 200 yards (Brazel) décrits par les témoins ?
LacherBallonFortWorth10juillet
D'autres photos et articles intéressants sur des démonstrations de ballons et cibles radar par l'armée à la même date pour expliquer les "disques volants" sont disponibles sur le même site à cette adresse :  http://www.roswellproof.com/balloondemos.html

D'autant plus que le vol Mogul N°4 n'avait peut être aucune cible radar !
Car la composition alléguée de ce vol par les sceptiques, dont GF, est basée sur les notes de Moore (en substance idem vol N°2 moins radiosonde, plus ballast liquide), et correspond au vol MOGUL normal tel qu'il était prévu le 4 juin. Or ce vol MOGUL n'a pas eu lieu à cause du vent, c'est écrit noir sur blanc dans les notes du Dr A. Crary.
A la place – et probablement pour ne pas gâcher les ballons déjà gonflés d'Helium – ils ont laché une simple bouée sonar accrochée à une grappe de ballons. Le test porta alors visiblement sur ce seul équipement, comment cette bouée notamment émettait ces données et comment elles pouvaient être reçues à distance, par un avion ou par la station au sol, ce qui avec la technologie de l'époque était loin d'être évident et simple.
Mais aucune mention d'autres équipements, et en particulier de cible radars, par ailleurs inutiles pour le test évoqué précédemment. La description du vol N°4 d'après ses souvenirs 50 ans plus tard est d'ailleurs improbable pour une autre raison. Imaginez : avec une bouée sonar, 3 cibles radar, au moins une douzaine de ballons pour enlever le tout, un ballast automatique, un suivi radar par avion jusqu'à Arabella et un suivi optique au théodolite .... qu'est-ce qui distinguerait alors ce vol soit disant "raté" d'un vol NYU "normal" ? Pas grand chose en fait cela aurait été quasiment le premier vol réussi alors que Crary, le jour même, note par écrit "no balloon flight again".
Cover-Up ?
Au demeurant, si Moore a selon moi tendance à inventer des équipements absents du vol N°4, il reste que le seul équipement dont nous sommes certains qu'il était bien présent, la bouée sonar, n'a pas été retrouvé, n'est mentionné par aucun témoin, et bien entendu n'apparait sur aucune des 6 photos de Fort Worth. Génant pour la thèse MOGUL.
C'est peut être pourquoi, avec quasiment les mêmes mots que le rapport de l'USAF, GF s'empare d'un débris en forme de "bouteille Thermos géante", soit disant présent "dans la littérature pro-ET", et lui trouve aussitôt une ressemblance frappante avec la bouée sonar modèle AN/CRT-1 telle qu'elle était justement utilisée sur les vols MOGUL.

Mais qui dit cela, quelle est la source et est-elle fiable ? Ma foi, rien n'est moins sûr.

La seule et unique source semble être le livre de Kevin Randle and Don Schmitt, "The Truth About the UFO Crash at Roswell", 1994 (et non leur livre précédent, "UFO Crash at Roswell", 1991, comme indiqué je pense à tort par GF, mais j'avoue ne pas posséder ces livres).
J'ai en effet retrouvé trace de ce témoignage sur le site (pro-ET) de David Rudiak, Roswellproof.com. En l'occurence sur cette page : http://www.roswellproof.com/debris3_misc_metal.html :
Extrait :
"JOHN G. TIFFANY
(Tiffany's father was stationed at Wright Field.  His unit was sent to Texas where they picked up metallic debris and a large cylinder that reminded them of a giant thermos bottle)
(R&S2, describing the metal)  Tiffany said the metal was very lightweight and very tough.  It had a smooth glasslike surface, and everything the flight crew did to it to mark it, bend it, or break it failed.  But what really bothered the flight crew was the unusual cylinder and its unknown contents.  After the flight, the crew felt that they couldn't get clean.  They could not "get over handling something that foreign."

Un seul témoin donc, très indirect en plus (dires de John Tiffany, rapportés ensuite par sa fille, rapportés enfin par R&S) et non recoupé par un autre témoignage. Noter aussi que le témoin prétend avoir récupéré ces débris au Texas, et non pas à Roswell ou Fort Worth.

Typiquement un cas de deux poids et deux mesures. Si un "tenant" pro-ET avait avancé un argument aussi faible, GF l'aurait certainement mis en doute et à juste titre. Ou alors il faut prendre au sérieux tout le témoignage, et accepter dans ce cas qu'il y avait, en plus de la "bouteille Thermos" du métal extrèmement léger et très résistant, qu'on ne pouvait ni marquer, ni plier, ni briser !
Quant à moi je reste aussi exigeant. J'ai rejeté comme GF nombre de témoins tardifs et douteux des cadavres d'ET, et je rejette aussi cette "preuve" de la présence de la bouée sonar. Bien évidemment si des preuves plus solides étaient découvertes demain, je réviserai mon jugement.
L'étrange amnésie (page 157)
GF s'étonne ensuite des 30 années de silence dans la communauté ufologique qui ont suivi cette affaire, jusqu'à sa redécouverte accidentelle par Stanton Friedmann en 1978. Il s'étonne également que les protagonistes et témoins directs, qui auraient du être marqués par une affaire aussi extraordinaire, n'aient rien gardé, aucun débris étrange, même pas quelques photos qui auraient permis aujourd'hui d'éclaircir l'affaire (les seules photos étant celles prises par Bond Johnson lors de la conférence de presse à Fort Worth).

Il marque là un point, indubitablement. C'est aussi un autre argument fort en faveur d'une explication "ordinaire".
Néanmoins, histoire de raisonner, ces incohérences apparentes peuvent peut être s'expliquer, en spéculant un peu.

Les témoins militaires pour commencer étaient peut être tout simplement tenus au secret ou au simple devoir de réserve. Dans ce cas on peut s'attendre à ce que certains d'entre eux, sur la fin de leur vie, voire dans dans leur testament, révèle enfin leur vérité. Or justement deux militaires en liaison directe avec ces évènements au moins ont témoigné sous serment en défaveur de l'hypothèse ordinaire (ballon MOGUL) : le colonel Dubose et le lieutenant Haut. Comme on l'a vu précédemment (notamment au début du chapitre IX) le témoignage de Dubose gène considérablement la thèse officielle, l'USAF (qui ne le cite même pas !), les sceptiques en général et GF en particulier. Dubose a laissé des témoignages tangibles (affidavit et inteview vidéo enregistrées) où il a répété à plusieurs reprises sa version "extraordinaire" de l'histoire. Mais les sceptiques ne veulent retenir qu'un seul témoignage, celui rapporté par un interviewer sceptique ( Shandera ),  et totalement opposé et contraire aux autres témoignages de Dubose. On comprend pourquoi, mais pour moi c'est du 'cherry picking', de la sélection de données, inadmissible dans une enquête objective.

Ensuite que le rancher Mac Brazel (et sa femme) n'ait rien voulu dire de plus, même avant de mourir (avant 1978) n'est guère étonnant non plus. Rappelons nous la dernière phrase de son interview du 9 juillet ("si je trouve autre chose de moins important qu'une bombe, vous aurez du mal à me faire dire quoi que ce soit à son sujet"). Visiblement cet homme simple à la vie tranquille a été bousculé et perturbé par la notoriété soudaine acquise avec son témoignage, et dépassé par l'ampleur que l'affaire a prise. Certainement vexé d'avoir été ensuite contredit très maladroitement et sans égard par le militaires (qui ont clamé dès le 9 juillet que ce n'était qu'un simple ballon météo alors que Brazel avait dit qu'il connaissait ce genre d'équipements et que ce n'en était pas un).
Eventuellement même selon certaines sources, il aurait retenu prisonnier plusieurs jours et forcé de modifier son témoignage dans l'interview parue le 9/07/47 ... mais là je reconnais ne pas bien connaitre cette partie de l'affaire ni avoir vérifié la solidité des témoignages allant dans ce sens.

Que des personnes n'aient témoigné que 30 ou 40 ans plus tard seulement (donc après 1978), sur la fin de leur vie, pour soulager leur conscience, n'est peut être aussi qu'une coïncidence après tout. En effet la plupart des protagonistes de l'affaire étaient jeunes, voire très jeunes au moment des faits, il est donc normal que leur fin de vie arrive justement quelques décades plus tard. Mais bien évidemment cela n'occulte pas l'explication tout aussi plausible de la "contamination" médiatique ou du désir de notoriété.

Enfin, que ces personnes n'aient rien gardé, ni débris ni photos, n'est peut être pas non plus si inexplicable. Après tout très peu de témoins ont réellement vu ces débris et fort brièvement pour la plupart, et ont été en position de les photographier, a fortiori d'en garder. Les Brazel avaient-ils seulement un appareil photo ? Mais il est vrai que ces témoins ne semblent pas avoir gardé non plus de dossiers de presse, des coupures de journaux ni s'être intéressé aux OVNIs ensuite. Cela peut s'expliquer par la pression des médias et de la société (aux USA comme ailleurs) qui a très vite jeté les OVNIs et leurs occupants dans le royaume de la zozoterie pour fumistes. Mais quand même, sur le nombre, on aurait pu effectivement s'attendre à ce qu'au moins un garde un intérêt et des traces tangibles (photos, articles de l'époque ...).

En tous cas GF s'égare un peu page 159 en étendant ensuite son explication des "soucoupes en papier" (les observations d'OVNIS en tant que seul phénomène médiatique auto-entretenu) à toute la vague de 1947. C'est son opinion, soit, mais il ne le démontre pas. Il faudrait d'ailleurs probablement un livre entier pour traiter cela et éventuellement le démontrer. Seule l'étude précise et fouillée de tous les cas concernés (ou d'un nombre significatif et représentatif) permettrait une conclusion objective. Mais on rejoint là mes commentaires du chapitre IV sur cette vague de 1947.

Chapitre X Le péché originel

GF rappelle ensuite à juste titre les erreurs et embellissements que Jesse Marcel a apporté à sa propre carrière militaire. Il est en effet quasi certain au vu des pièces de son dossier militaire que Marcel a nettement exagéré son expérience de pilote d'avion, ses décorations et la raison de ces dernières, ainsi que ses titres universitaires. Et Gildas Bourdais, "le" défenseur Français du cas de Roswell, a clairement tort de continuer à croire Marcel à 100% et à prétendre que Kevin Randle aurait "démonté" les propos des sceptiques mettant en lumière les erreurs de Marcel. Kevin Randle se contente de dire que finalement ça n'a pas d'importance.

Et c'est aussi exactement mon avis. Je ne suis donc pas d'accord avec GF lorsque page 165 il insinue que, puisque Marcel se trompe sur des faits ordinaires, il se trompe aussi sur des faits (supposés) extraordinaires. C'est faire un procès d'intention, attaquer la personne et non le cas proprement dit. Ce n'est pas parceque Marcel a exagéré ses récompenses militaires ou ses compétences universitaires, qu'il exagère tout le temps et sur tout. Par exemple nul ne niera que Marcel a toujours été très bien noté dans sa carrière militaire était apprécié, jugé très compétent et a même été promu Lieutenant Colonel de Réserve peu après, et non brimé. C'est donc qu'il n'était pas un affabulateur pathologique, ni même récurrent. Plus généralement je connais des personnes ayant tendance à donner une image meilleure qu'elle n'est réellement, à exagérer leurs mérites, réussites ou réalisations ... mais qui sont par ailleurs honnêtes, sincères, et rationnelles, et à qui j'accorderai a priori ma confiance si elles venaient témoigner avoir vu un OVNI (avant bien entendu d'enquêter et de vérifier tout ça ;-).
Les photos tronquées et les cassettes inaudibles (p 171)
GF affirme ensuite que la thèse de la substitution de débris lors de la conférence de presse de Ramey le 8 juillet à Fort Worth ne tient pas, car ce sont exactement les mêmes débris sur toutes les photos, celles avec Marcel et les autres. Or celui-ci a affirmé que les vrais débris étaient ceux présents sur les photos où il est présent, et que des débris d'une cible RAWIN sont présents sur les autres photos (celles avecRamey, Dubose, Newton).

Globalement je trouve cet argument bien vu et pertinent. C'est un coup sérieux contre la thèse de la substitution et du complot militaire pour cacher des débris "ET".

Pourtant, pour me faire l'avocat du Diable, lors d'une interview ultérieure par Johnny Mann, Marcel donnera une explication a priori vraisemblable de sa confusion. S'il n'avait eu jusqu'à lors en effet que des photos tronquées de la conférence de presse, dans lesquelles seule une infime partie des débris est visible, il ne pouvait effectivement pas reconnaitre avec assurance lesdits débris.

GF évacue néanmoins rapidement cette interview par Johny Mann au prétexte qu'elle n'a pas été enregistrée. Ma fois, certes, mais alors pas plus que la fameuse interview de Dubos par Shandera, comme par hasard la seule qui va dans le sens opposé à toutes les autres interviews et témoignages de Dubose, qui eux ont laissé des traces fort heureusement.
Il faut également noter que -sauf erreur de ma part – Marcel n'a pas affirmé cela sous serment, dans un affidavit, et en ayant les photos des débris sous les yeux. Il a dit cela de mémoire, sans voir cette série de photos, qui effectivement montrent toutes les mêmes débris, pour autant qu'on puisse en juger.

Alors comment concilier ce premier témoignage de Marcel ("j'ai été pris en photo avec les vrais débris") et les photos montrant toutes des débris ordinaires de ballon et de cible radar ?
Le plus simple serait d'imaginer qu'il y ait eu au moins un autre photographe, par exemple militaire, par exemple chargé de faire quelques clichés pour les dossiers de l'armée, et que Marcel, 30 ans plus tard fait la confusion entre deux séries de photos prises à très peu de temps d'intervalle.

Or justement la présence d'un second photographe est confirmée par James Bond Johnson lui même, notamment dans une interview par Dennis Balthazer en 2001 disponible sur ce lien :
http://www.truthseekeratroswell.com/interview_James_Bond_Johnson.html
On peut y lire par exemple :
"DGB: The photograph of Irving Newton (weather officer at Fort Worth Army Air Field, left) was not taken by you, but very possibly taken by an Army Air Force photographer, some time after you had taken your photographs. Agreed?
JBJ: Agreed,"

Donc au moins une photo, celle d'Irving Newton avec les débris n'est pas de James Bond Johnson. Marcel a pu alors vouloir dire qu'on l'a d'abord photographié avec les vrais débris, puis que Bond Johnson l'a photographié dans le bureau de Ramey avec les débris d'une vraie cible radar et d'un vrai ballon, apportés là pour camoufler l'affaire (ce que corrobore le témoignage du colonel Dubose).

Je relève aussi cet extrait du témoignage de Marcel, cité par GF :
"En fait ces pièces pouvaient ressmbler à de l'aluminium et du balsa mais la ressemblance s'arrête là".

Cette phrase m'interpelle car, comme tant d'autres, je me suis très longtemps demandé comment un homme normal, a fortiori un militaire d'active, pouvait ne pas reconnaitre des débris aussi banals que du balsa, du papier d'aluminium ou du scotch. Le balsa en particulier m'intriguait, surtout eu égard aux propriétés extraordinaires que les témoins prêtaient aux "baguettes" mystérieuses (ininflammables, incassables).
J'ai donc à mon tour acheté des baguettes de balsa de section carrée ... et j'ai vérifié expérimentalement en 30 secondes que ça se casse très facilement, avec deux doigts seulement. De plus le moindre choc les abime, et lorsque ça casse, ça ne rompt pas nettement en laissant une section plane, mais au contraire cela se "déchire" un peu, de manière très caractéristique. Et une fois cassée, l'extrémité de la baguette de balsa est encore plus fragile, friable même. Les frottements, la simple manipulation vont inéluctablement détériorer davantage le bout de la baguette, et laisser s'échapper des petits morceaux de balsa très légers.
J'ai toujours été étonné que ceci n'ait jamais été signalé dans le cas de Roswell, jamais, alors que les débris sont censés être très abimés par leur long séjour sur un sol désertique, caillouteux et soumis à tous les vents . C'est assez troublant je dois dire. Mais peut être vais-je là aussi être accusé de pinailler, de tomber dans l'hyper-critique.

Toujours à propos de l'état des débris, GF indique page 180  que l'armée n'aurait pas pu en si peu de temps se procurer une cible radar aussi abimée, pour la substituer aux vrais débris comme l'affirme les pro-ET.
Je suis tout d'abord heureux que GF ne conteste pas que l'armée aurait pu effectivement se procurer une cible radar dès le 8 juillet à Fort Worth. Et cela, très facilement même, en dépit du fait que Fort Worth n'était pas censé utiliser cet équipement à l'époque. Je l'ai démontré plus haut, dans mon commentaire de la photo de la page 151. Rappel : http://www.roswellproof.com/FWSTJuly11.html

Sachant que différentes bases proches (toujours "proches" en avion) utilisaient quotidiennement ces cibles (soit pour des mesures météorologiques soit pour de l'entrainement au tir anti-aérien), il n'était pas impossible qu'elles en aient certaines abimées, par exemple retournées par des civils les ayant retrouvées. Ou encore plus simplement, ne peut-on imaginer que Ramey ait fait "veillir" manuellement une cible neuve juste avant les photos ? Après tout, où est la difficulté ? Il suffit de déchiqueter, de froisser, de casser un peu, éventuellement de trainer 2 minutes dans la poussière. Cela doit prendre 5 minutes à peine, montre en main. Qui va venir vérifier ensuite avec un microscope ? "Les Experts Las Vegas" ?
Nombre de grands tours d'ilusion sont basés sur des artifices encore plus grossiers que cela. Non vraiment, je ne vois rien qui aurait empêché l'armée de monter rapidement (moins de 24 heures) un cover-up avec de faux débris.
Ce qui bien entendu, et j'insiste,  ne prouve absolument pas qu'elle l'ait fait. Ca démontre juste selon moi que ce n'était pas impossible.

A noter étrangement que CB Moore, le principal atout de la thèse MOGUL, défend une cover-story de l'armée pour protéger à l'époque ce projet top-secret. Et ce alors qu'une telle cover-story est formellement niée dans le même rapport Weaver par le colonel Trakowsky, pourtant alors Officier en charge de la sécurité du programme MOGUL. A la fin de sa déclaration (annexe 21 du rapport de l'usaf) Moore dit  :
The July 10th Alomorgodo News article shows a demonstration of some of our multiple balloons and target trains. We had no one there so it was surprising to see this. It almost appears that there was some type of “umbrella cover story” to protect our work with MOGUL.
Ou plus loin
The July 10th Alomorgordo News report was a good cover-it does not appear to be a coincidence-I don’t know who may have initiated it.

Donc Moore dit qu'à part eux (NYU/MOGUL) il n'y avait aucune cible radar de ce type, ni même de ballons dans le coin (!), mais que l'armée a fabriqué la démonstration publique du 10/07 pour détourner l'attention ?
Sauf que GF dans son livre, montre pages 191-193 plusieurs photos extraits d'articles de presse de l'époque montrant des cibles radars récupérées à la même époque (début juillet).
Et le dernier paragraphe de la page 191 précise aussi que les cibles radars lancées régulièrement par les stations météo ne comportaient elles non plus aucune marque d'identification ... Voilà qui amoindrit énormément le propos de CB Moore qui faisait de cette absence de marque une spécificité du projet MOGUL en raison de son caractère secret.

Mais la réalité est encore plus complexe. Non seulement il était très facile à l'armée de se procurer des ballons avec cibles radars et camion-radar de suivi, mais elle a organisé dès le 9 juillet et dans plusieurs villes des USA des démonstrations devant la presse avec ces équipements, pour dégonfler (si je puis dire) la vague de témoignages sur les "flying discs". Certains prétendent même que l'armée voulait désengorger les standards et services d'enquête, qui auraient été saturés et innefficaces en cas de réelle intrusion des "rouges" (les soviétiques) !

Par exemple le 9/07 a eu lieu une démo à Alamogordo (le centre opérationnel MOGUL au Nouveau Mexique) comme le montre ces extraits d'articles  de presse d'époque, toujours tirés du site de David Rudiak :  http://www.roswellproof.com/Alamogordo_July9a.html.
 
Ces articles disent par exemple ceci :
« Experiments the experimental group from the proving grounds said, showed the early morning hours of from five to six to be the most successful to gain the 30 to 40-thousand feet altitudes attained by the device. »
Lancement entre 5 et 6 heures, exactement au moment où le jour se lève (vérifiable, pour n'importe quelle date et lieu sur cet excellent site :  http://www.ephemeride.com/calendrier/solaire/19/) ! Donc pas à 3 heures du matin comme le prétend 50 ans plus tard CB Moore. Et il y a d'autres indices très forts en faveur d'un lancement de jour. Encore une erreur significative de Moore.

Ces articles disent aussi :
« The corner reflectors being periodically released for this purpose, he explained, and had been for the past fifteen months from this local headquarters of the AMC under the Watson Laboratories group, who have headquarters at Red Bank, New Jersey »
«  A limited number of these balloons have been released in the past 15 months, Major Prichard said, the number increasing sharply in recent weeks. »
Ces cibles radar étaient donc utilisées depuis 15 mois dans le coin, et de plus en plus fréquemment récemment ! Encore une erreur de mémoire de Moore. Le programme MOGUL/NYU utilisait au début des matériels standards, banals, faute d'avoir reçu les équipements spécifiques commandés (microphones spéciaux basse fréquence, radiosonde légère, ballon polyéthylène, ...). Ces matériels n'étaient en rien "spéciaux", seul leur usage l'était.

Ces articles disent aussi que toutes les cibles étaient étiquetées :
« Property of Army Material Command, Watson Laboratories, Army Air Field, Alamogordo New Mexico ».
Ou dans un autre article :
« all have a tag reading "Property of A.M.C. (Aircraft Materials Corps) [Note:  Actually stands for Air Material Command] Watson Laboratories Alamogordo Air Field." »

Voilà des textes d'époque tangibles qui contredisent les souvenirs de Moore 45 ans plus tard (encore une fois) dans sa longue déclaration dans le rapport de l'USAF en 1994. J'y reviendrai dans un autre article.

A la fin de la page 180 GF évacue également un peu rapidement un autre fait en défaveur de l'hypothèse prosaique. En effet, en dehors de la cible radar, il n'a jamais été retrouvé un quelconque équipement qu'un vol MOGUL de service était censé transporter, comme le ballast automatique ou la bouée sonar, et bien entendu le fameux "scotch à fleurs".
J'ai déjà montré dans ma critique du chapitre "cover-up ?" que la découverte d'une "thermos géante" pouvant être cette bouée sonar, était plus que douteuse, et ne pouvait pas décemment être retenue comme fiable, surtout par quelqu'un se réclamant du camp "sceptique" et affichant une si grande méfiance vis à vis du témoignage humain.

Voilà maintenant que GF "imagine" pour expliquer cette absence très étrange (on ne voit sur les photos de Fort Worth "que" la cible radar et peut être quelques débris de ballon noircis), que Ramey a voulu écarter volontairement tout ce qui pourrait relier l'affaire au projet MOGUL top secret.
Et quand je dis "écarter" je ne dis pas seulement "sélectionner" les débris. Non, il a fallu que Ramey fasse enlever (délicatement, pour ne pas abîmer davantage les débris) ce fameux scotch à fleurs dont le rôle était justement de solidariser le papier alumininisé sur les baguettes de balsa.
Bref, GF est obligé lui aussi d'invoquer un cover-up, un petit complot destiné à protéger le secret des expériences MOGUL.

Oui mais voilà. Il n'ya aucune trace ni témoignage de cela. Aucun témoin d'époque n'a jamais corroboré cette version (toujours hormis l'incontournable Moore, 50 ans plus tard). On n'a trouvé aucun télégramme, aucun ordre ou échange avec le quartier général ou avec Washington dans lequel Ramey disait faire cela, ou demandait la permission de le faire, ou dans lequel on ordonnait à Ramey de le faire. Ramey aurait fait cela seul, de sa propre initiative, sans en référer à personne ?
Non seulement cela parait improbable, mais c'est clairement nié par Trakowsky, pourtant officier en charge de la sécurité du programme MOGUL, comme je l'ai indiqué précédemment.

Bref, y-a-t-il eu cover-up le 8 juillet 1947 pour protéger le projet MOGUL, de quelle nature, pourquoi n'en a-t-on retrouvé aucune trace, et pourquoi l'armée en 1994 l'ignore ou le nie ? Telles sont les questions qui se posent encore aujourd'hui et qui ne sont pas selon moi des détails sans importance ni de l'hypercritique.
Laplace et le télétype du FBI
La tentative de GF de justifier la présence du terme "forme hexagonale" dans le télétype du FBI du 8 juillet (soit avant l'identification formelle des débris par Irving Newton le 9 juillet à Fort Worth) ne me convainc pas du tout ... elle est même très laborieuse et fragile.
Si, comme l'affirme GF et tous les sceptiques, les débris étaient très abimés, trainés par le vent sur la plaine depuis plus de 3 semaines (14 juin), alors bien malin qui aurait pu en déduire leur forme d'origine. A moins de connaitre déjà ce genre de cibles et de les avoir sous les yeux, comme Irving Newton. Mais ce n'était certainement pas le cas du contact du FBI au Quartier Général de la 8ème armée. Tout au plus un néophyte aurait-il pu employer le mot "kite" ("cerf-volant"), qui vient en effet rapidement à l'esprit en voyant ces débris. C'est d'ailleurs ce mot "kite" qui était très souvent employé par la presse relatant les découvertes par des civils de telles cibles radar à l'époque.

Mais la mention de la forme hexagonale et des 6 pointes dans la bouche d'un agent du FBI qui n'a même pas été sur place et qui dit tenir sa source d'un coup de fil du quartier général de la 8ème armée à Forth Worth, ne peut signifier pour moi qu'une chose. Ce terme lui a été soufflé par son interlocuteur de l'armée de l'air.
Peut être de bonne foi, ou involontairement parce qu'à cette heure là en fin d'après-midi (18:17 CET) , la conférence de presse a déjà eu lieu et que l'explication "ballon météo" est déjà quasi officielle.
Ou bien, si cover-up il y a eu ... pour justement consolider le cover-up via une agence d'état.

Mais dans ce cas pourquoi mentionner que les débris ont été quand même envoyés à Wright Field pour examen supplémentaire, suite à un coup de fil mettant justement en doute l'explication ballon+cible radar ?
Bref en l'état ce télex ne prouve pas grand chose selon moi, ni dans un sens ni dans l'autre.

Conclusion

La plupart des arguments développés dans ce livre étaient plus ou moins présents dans la littérature sceptique depuis la publication du rapport de l'USAF en 1994. Kent Jeffrey ou James Easton par exemple les avaient apportés dès 1997.

Le mérite principal de ce livre est d'en présenter une synthèse claire et documentée en Français (les seuls livres francophones étant pour le moment ceux de Gildas Bourdais, farouche pro-HET sur ce cas). Mais aussi la recontextualisation de cette affaire et des "flying discs", à une période de l'histoire où ce terme n'avait effectivement pas la lourde connotation "extraterrestre" d'aujourd'hui, et dans un court laps de temps (fin juin/mi-juillet 1947) où la presse s'est pour la première fois embrasée d'une vague de témoignages et d'excitation générale sur ces mystérieuses "soucoupes volantes".

Comme je le disais en introduction, il me semble désormais que l'explication de ce cas par le crash d'un vol MOGUL / NYU, comportant des ballons néoprène et quelques cibles radar, tel que décrit dans le rapport de l'USAF, est très plausible et confortée par quelques arguments très forts.

Pour autant je ne donne encore qu'une courte avance, 51/49, à cette explication qu'on peut qualifier "d'officielle". Très subjectivement je le reconnais, et certainement influencé par un léger biais pro-HET, je relève en effet une foule de "petits détails qui ne collent pas" dans la thèse officielle. De plus je note aussi de nombreux points en suspens, non expliqués, de questions sans réponses. On ne peut préjuger de leur importance, ni si leur résolution ferait pencher la balance d'un coté ou de l'autre.

A ce stade de ma réflexion il me reste donc encore un gros travail à faire pour les classer, vérifier, prioriser, recouper et finalement les mettre en balance de la thèse prosaïque.
Je publierai ultérieurement ces réflexions. Elles tourneront notamment autour autour des thèmes suivants :




Débats dummy Page d'accueil du site

Article créé le 11/07/2010